Pérou (I) : mer, villes, reprise du voyage

Voilà un mois que je n’ai rien mis sur le blog mais j’ai été occupé et la lenteur des connexions rencontrées m’ont découragées. Bref que d’excuse.

Voilà presque un mois je partais de Chambalabamba, un petit pincement au cœur. Même si ce n’est pas ce que je cherchais pour ma thèse, j’ai rencontré des gens forts sympathiques, je me suis remis à jouer (pour un court moment, certes) à la batterie, je me baignais dans des rivières et nageais dans des déluges diluviens (de pluie). Bref, c’était le retour de la fameuse “easy life”, celle de la sédentarisation (temporaire), des bons amis et d’une vie qui s’écoule paisiblement, bien rythmé avec des surprises prévisibles et enchanteresses. Mais il était temps de repartir à l’aventure (youhou) et d’aller retrouver le Nart, Camille et Dom et Myriam pour passer une joyeuse fête du ptit Jésus et le renouvellement du calendrier grégorien (paix à son âme).

J’ai donc pris un bus de nuit pour traverser subrepticement et légalement la frontière péruvienne. Tu y arrive vers 3h du matin, il y a un pont, comme dans un bon James Bond, tu te fais tamponner le papier d’un côté puis tu traverse à pied, serrant les fesses, entouré de chiens hurlants et de militaires à moitié endormis pour arriver sur le sol péruvien à faire retamponner tes papiers et être un voyageur légal. Puis c’est reparti et on arrive le matin à Piura. Et Piura c’est pas joli, enfin ce que j’en ai vu mais j’avais pas l’intention d’y rester. Cela dit, il y a un petit côté Asie du Sud (-Est) que je retrouverai un peu partout au Pérou et qui n’était pas là en Equateur. Il y a plein de petites voitures un peu déglinguées, des rikshaw-moto et du monde dans tous les sens même le matin. Mais je prends directement un bus pour Trujillo : je veux aller voir la mer. C’est 7h de bus, 7h de désert. En fait je crois (mais peut-être que je me trompe) que la côté pacifique sud-américaine, de vers Santiago au Chili jusqu’à la moitié de l’Equateur c’est pas mal que du sable et du désert. Finalement j’arrive à Trujillo après pas mal d’heures de voyage dans différents véhicules de différentes tailles et formes. De là, je me trouve un petit taxi pour filer directement à Huanchaco, à 20 km de là.

Huanchaco, c’est une petite bourgade de surfers sur le bord de l’océan. C’est sec, y a pas beaucoup d’arbres. Mais la mer a des vagues très belles et grandes et roulantes. Alors, je fais pas de surf, mais j’ai toujours aimé jouer dans les vagues. J’arrive, je salut l’océan en m’y plongeant dedans (drôle de salut, en vérité…) puis je vais me trouver un camping. Une fois installé, je pars visiter la petite ville, son front de mer, ses bars et ses plages. C’est le lieu des couchés de soleil cartes postales. Dans un bar/hostal je rencontre un couple d’anglais qui voyagent depuis un an. Ils sont super rigolo : lui ressemble à un faune, dans sa manière d’être à toujours rigoler, danser et s’abreuver, et elle n’est pas en reste. On dirait des gens sortis des légendes anglaises mais qui ne s’accomodent pas trop du monde dans lequel ils sont arrivés.

J’ai donc rencontré mes compagnons de baignades, de balades et de beuveries des prochains jours. Et, en effet, on passe nos fins d’après-midi à boire quelques bonnes bières devant le couché de soleil sur la mer, un truc que j’avais pas fait depuis un petit bout de temps (sauf en Gaspésie, mais fallait se battre contre les moustiques alors ça compte pas).

Huanchaco, et Trujillo, c’est des endroits qui font pensé un peu à l’Iran, bizarrement (avec la liberté de s’amuser en plus, j’imagine). C’est très désertique avec des montagnes qui ont l’air très vieilles, pleines de sables. Ca ressemble aux montagnes vers Yazd je trouve. Et puis Trujillo, comme Piura, ça a un côté asiatique, un peu bordélique avec de tout partout. Les marchés ressemblent aux bazars débordants qu’on peut trouver en Inde, au Népal ou en Thailande, ou même en Iran (mais quand même en moins clinquant). C’est pas une très belle ville, mais elle buzz de vie, de couleur, d’activités. Autour de Trujillo, il y a beaucoup de ruines et autres “complexes archéologiques” pré-incas. Des civilisation du soleil, du désert et de la mer qui, là encore, rappellent l’Iran. Des grandes constructions en terre, du marron-sable uniforme partout et des gravures belles et simples représentant le plus souvent des vagues, des poissons et des pélicans. A un moment (moyen âge européen), cette ville, qui s’appelle Chan Chan (et, donc, en plus de penser à l’Iran, je me chante du Buena Vista Social Club, c’est un drôle de mélange), faisait 20km de long et abritait environ 200 000 personnes, ce qui, pour l’époque, en faisait une sacrée cité. Mais quand on voit le côté aride de l’endroit, on se demande comment ils se nourrissaient. Mais j’ai pas plus exploré la chose que cela.

De Trujillo, je suis allé, de nuit, à Lima. Après des adieux déchirants et de nombreuses promeses de retrouvailles futures (à Montréal, en Equateur, en Angleterre, en France…) avec mes amis anglais, je monte dans le bus. Lima est une ville gigantesque enfin qui en a l’air. Il ya de nombreux quartiers différents et je n’en ai découvert que très peu. Je devais voir un ami d’ici mais finalement il était trop occupé dans la préparation d’un festival de psy et l’arrivée des fêtes de fin d’année. Donc je décide de découvrir la ville tout seul. Je pense que c’est chouette comme endroit si de gens qui y habitent te font découvrir des endroits cachés ou moins fréquentés. C’est un peu le problème de toutes les grandes villes : il y a à la fois trop de choses et trop de gens, et en même temps, tout seul, tu reste un peu seul et c’est plus difficile de sortir des chemins balisés. Cela dit, je passe quand même des moments rigolos et, parfois surréalistes.

J’arrive donc un dimanche matin. Je trouve un hostal et je repart l’après-midi au centre historique pour me promener. Arrivé là-bas, je tombe sur une large place, chargée de décorations de noël. J’arrive au moment crucial du changement de la garde présidentielle. Une fanfare de la marine péruvienne fait de la musique. C’est un mélange de musique militaire et de chants de noël. C’est à la fois très moche, dégoûtant et dégoulinant et très rigolo. La musique militaire… Je pense que c’est une déformation familiale, mais je trouve ça horripilant. Cela dit, je suis comme paralysé, obnubilé, je ne sais comment le dire, mais c’est fascinant ces militaires (des tueurs, en principes) qui jouent de la musique en l’honneur du petit Jésus et de la débauche commerciale. C’est rigolo et en même temps, ça montre la collusion du capitalisme, du système militaire et de la religion, c’est beau… De là, je vais au quartier chinois, on m’a dit que ça valait la peine. Si le reste des rues que j’avais croisées jusqu’ici étaient vides, là, c’est blindé. Du monde et du monde, à plus savoir qu’en faire. Les voitures ne circulent plus. Pourtant, les magasins sont pas incroyables : c’est tout kitsch et clinquant, surtout de la décoration de noël. C’est pas forcément le genre d’endroit où “on trouve tout”. Par contre il y a plein de “chifas”, des restaurants de fusion chinoise et péruvienne. Alors je m’arrête pour manger un bout avant de continuer ma visite.

Le soir, je tombe sur une “feria independiente del Peru” avec plein de petits stands. On se croirait un peu dans le Mile End, le quartier hipster de Montréal. Les mecs ont tous des barbes bien taillées avec des shorts et des t-shirts dans leur short et plein de tatouage. Les prix sont en moyenne 3 ou 4 fois plus chers qu’ailleurs. Mais je tombe sur un super concert de ska-punk et, donc, je reste un peu à profiter de cete musique revendicative. Le lendemain, je vais me promener dans Miraflores : le quartier bourgeois (plus plus) de Lima. Le front de mer ressemble à une série californienne : tout propre avec de grands immeubles modernes (semi-design). La côte, à Lima, est formée par une plage que longe une grosse route au-dessus de laquelle s’élève, sur tout le long de la ville, une haute falaise qui a l’air très friable.  A partir du haut de cette falaise, les constructions commencent. Mais le bord de la falaise est largement aménagé (surtout à Miraflores) en parcs avec des arbres et des fleurs, très joli. Il y a même des gens qui font du parapente du haut de cette falaise, emmenant des touristes en bi-place faire un vol entre les immeubles de la ville et au-dessus de la mer. La mer elle-même a l’air sale et est remplie de surfeurs et apprentis-surfeurs.

Un soir je me retrouve dans un restaurant créole (je sais pas trop ce que ça veut dire créole au Pérou, faudra que je me renseigne). C’est un peu chic, mais pas très cher, avec un pianiste qui joue. Il a l’air de s’ennuyer ferme. Comme je suis seul et que je m’assoie pas loin du piano. Il me parle un peu. Découvrant que je suis Français, il décide de jouer la Marseillaise. Il a l’air content de me faire ça alors j’ose pas lui dire que j’ai horreur de cette chanson de nationalistes guerriers. Il me donne sa carte. Si jamais vous passez à Lima et que vous avez besoin d’un pianiste qui peut jouer pour “toutes occasions” (notamment la Marseillaise, rappelez-vous) ou pour prendre des cours, c’est votre homme. Il est très gentil mais il a pas l’air super content de devoir jouer dans un restaurant un peu guindé où le seul à applaudir à la fin de ses morceaux, c’est moi…

Bref, Lima, c’était rigolo mais ça ne m’a pas enchanté plus que ça. Je pense que ça prend plus de volonté, plus de curiosité et peut-être des amis sur place pour faire découvrir. Puis c’est vraiment une grande ville. J’en repars au bout de quelques jours pour aller à Cusco, dans les montagnes, rejoindre Arthur, Camille, Dom et Myriam. C’est un long trajet de presque 24h. Je décide de prendre un bus confortable en me disant que comme c’est long, c’est mieux d’être bien assis. Ca commence pas si bien : on me change de bus, d’horaire, je poireaute un bon moment à la gare des bus. Mais, en soit, le trajet comment pas trop mal avec un coucher de soleil, un petit film. On met un bon moment avant de sortir de la ville. Dans la nuit, on s’arrête à plusieurs endroits. Ca monte, et ça monte en altitude. La nuit, on entend plusieurs personnes qui vomissent. Moi même je me sens un peu faible avec mal de ventre. Le soleil se lève sur un paysage magnifique : chaque vallée est différentes, l’une désertique, l’autre luxuriante, la suivant ressemble au Népal, une autre aux Alpes et la dernière à la mer Méditerrannée sans la mer.

Après ce long trajet, j’arrive enfin à Cusco. Je tremblotte, j’ai les guibolles qui flageollent, le tournis après avoir passé tant de temps assis et être arrivé assez haut en altitude. Finalement ça passe vite et je vais à la recherche de mon hostal. C’est très flou, je pense que Arthur et Camille, comme Dom et Myriam n’arriveront, au plus tôt que le lendemain, alors je veux me poser tranquillement et commencer à penser à faire des courses de noël. Finalement je trouve la rue et je commence à monter. Ca monte beaucoup. C’est long. C’est haut. Je fatigue. Je me maudit un peu d’avoir choisi cet hostal. Finalement j’arrive, je m’assied, je commence à discuter. L’un des gars sur place me dit que quelqu’un m’attendait. Le temps que je comprenne qui, Arthur arrive et s’ensuit une grande et belle embrassade.

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