Category Archives: Voyages

Isla del Sol, soupe et truites

C’est un petit bateau, nous sommes une dizaine sur son toit. Les militaires postés à la sortie du port de Copacabana nous hèlent de leur promontoire parce que nous ne portons pas de gilets de sauvetage. Mais on fait semblant de ne pas comprendre et puis de toutes façons le pilote n’en a cure ! Le moteur sent la tondeuse à gazon et nous avançons tout doucement. Il fait très beau et l’eau du lac Titicaca reflète ardemment les rayons du soleil. Une brise froide souffle. Tout le monde est emmitouflé. Très rapidement tout le monde commence à parler. Enfin sauf mes compagnons de voyage qui se blottissent contre le froid et pour resserrer les liens humains qui les unissent. En fait, les Français sur le toit ne parlent pas beaucoup. Mais il y a un groupe d’Argentines et d’Urugayos qui ont bien la forme et se mettent à discuter de voyage, de vie et d’Amérique Latine. Très vite un Equatorien et un Colombien se joignent à la discussion, puis c’est le tour d’un couple de chilien. C’est un toit de bateau cosmopolite. Le voyage, qui ne doit durer que deux petites heures, en prends trois grosses mais il passe très rapidement en si bonne compagnie. Puis c’est l’arriver au port nord de la Isla del Sol, Challapampa.

On était partit le jour d’avant de La Paz. Sous un orage de grêle, de pluie, de vent. Les nuages noirs entassés sur la ville. Et puis le bus monte et monte pour rejoindre l’Altiplano, et le ciel se dégage et viennent les arc-en-ciel qui gracient la ville d’une élégance naturelle. L’Altiplano est plat. Il est herbeux avec des vaches et des llamas. Au fond du regard se dressent des montagnes et des volcans coiffés de neige. C’est un paysage qui donne envie de prendre un cheval (ou une moto) et de partir ainsi, traverser les étendues avec comme point de repère l’une des montagnes. Un drôle de sentiment. Et je n’y ai pas succombé. J’ai suivi la marche du bus et je suis arrivé avec mes compagnons de voyage à Copacabana. Tout au bout de la rue qui débouche sur le lac, sur la gauche, il faut marcher une grosse demie heure et on arrive au Sol y Luna, un camping avec des chambres, tout petit, tout végétarien. Mais nous, on a pris un taxis, on était cinq et paresseux. Sous la tente on a essuyé un bel orage. Et le matin c’était le départ pour la Isla del Sol.

Où nous sommes arrivés, donc, après un charmant voyage en bateau sur ce lac qui ressemble à une mer avec des vagues, de la houle et un horizon à perte de vue où le pauvre montagnard oublie sa condition et perd ses repères. Nous avons atterris dans un refuge, celui de Don Alfonso et de ses deux frères. Ce sont trois familles qui se partagent cet endroit particulier, perché au-dessus du lac. La vue est magnifique et les chambres rustiques et agréables. L’immense avantage de ce lieu est que nos voisins de chambre sont des gens formidables. Juan est Colombien est habite parfois en argentine, il voyage avec son vieux copain Jesus et son jeune copain Huayra. Ce sont des gens fondamentalement gentils, calmes et attentifs. Ils sont intéressants et intéressés. Juan a énormément voyagé dans sa jeunesse et il continue. Ils ont monter des lieux de vie en Colombie et un nouveau en Argentine. Ils y font de la permaculture et plantent des arbres. C’est en partie à cause d’eux que je suis resté plus d’une semaine sur cette île.

Enfin du repos. Le voyage, ce ne sont pas des vacances. Il faut visiter des choses, se lever tôt, trouver un logement, manger… La dure vie du voyageur. A la Isla del Sol, il fallait juste vivre et profiter du soleil, du lac, de la beauté du lieu et des amis extraordinaires. Se promener dans la montagne, se baigner dans l’eau froide. Le premier jour Juan nous initie au merveilleux monde de petite taille. A l’aide d’une loupe, nous passons une après-midi à retourner en enfance en observant les herbes et les insectes qui peuplent les bas fond du haut de l’île. Tout à fait impressionnant mais on pourrait s’y perdre. On découvre ensuite les ruines d’un “temple du soleil” avec une “table cérémonielle”. Je suis perplexe face à tout cela. C’est très beau et “tout plein d’énergies” mais de là à parler d’un “temple du soleil”, ça fait un peu Tintin ou l’Amérique Latine Disney. C’est trop plastique et certainement raccourci. Mais c’est bien beau. Une table en pierre, entourée de sièges en pierre au centre d’une petite prairie donnant sur le lac avec des îles désertiques et inhabitées en face d’une baie à l’eau turquoise. Un village en ruine, aux portes étroites et très basses. Du gazon à faire pâlir les anglais. Une colline au sommet parsemé de cairns. des criques isolées. Des montagnes hautes et couvertes de neige au loin. Une sacrée île. Une île sacrée.

Et voilà les jours qui passent. Des balades. Deux baignades. Un après-midi pirate en buvant du rhum sur la place. Le tour de l’île à pied, seul avec du reggae pour se détendre. Le chemin suit la crête à l’aller. On surplombe le lac. La marche à 4000m, c’est plus lent mais les vues en valent la peine. Le chemin ressemble à une route antique, pavée avec de jolies bordures. Il va tout droit et serpente le long du relief. Bien sûr, nous sommes en Bolivie alors il faut payer un péage pour traverser l’île à pied. C’est pas cher, heureusement, mais ça casse l’ambiance. Le côté sud de l’île est encore plus touristique. C’est un village d’hôtels perchés sur une crête où l’on peut manger des pizzas, surfer sur Internet, manger de la viande et tout et tout. Mais je n’y reste pas et je repars vers le nord en suivant la côte. Le centre de l’île est là où habitent la majeurs partie des îlotiers. C’est un pays de cultures en terrasse, d’ânes, de cochons avec des plages de sable fin baignées dans une eau turquoise glacée. C’est très beau.

Un petit moment de paradis, de repos. De rencontre avec des gens formidables et d’autres moins. Beaucoup de rires et de conversations profondes. Explorer l’utopie concrète et les dangers dystopiques de l’idéologie. Le monde merveilleux du tout petit et l’immensité des paysages du Titicaca. Et puis c’est le retour à La Paz. Il fallait bien partir sinon on y restait. Et puis le temps passe et je dois aller à Buenos Aires. Le retour à La Paz est bizarre, on change de planète. On retrouve la pollution et la circulation, la concentration de gens et les montées qui coupent le souffle. Mais aussi des amis, anciens et nouveaux. Et puis j’y reste pas longtemps : quelques jours plus tard je décolle en direction de Buenos Aires, retrouver Vio et découvrir cette ville dont on m’a tant parlé !

Et voilà queques photos : en trifouillant avec l’appareil, Huayra a réussi à me le réparer.

P1070869 P1070871 P1070873

 

P1070881 P1070888 P1070890

P1070898 P1070902 P1070906

P1070915 P1070923 P1070932

P1070934 P1070941 P1070942

P1070953 P1070956 P1070965

P1070981 P1070982 P1070983

P1070990 P1080009 P1080024

P1080029 P1080035 P1080044

P1080051 P1080058 P1080063

P1080064 P1080070 P1080081

P1080085 P1080090

 

 

De La Paz à la jungle, changement de planète

De retour à La Paz après un petit voyage dans tous les sens du terme… Mais d’abord La Paz.

Alors c’est une ville. C’estimportant de le préciser. En plus c’est une grande ville.En montagne. Avec pleins de pente, de montées et de descentes. C’est haut. C’est bien pollué. Et puis c’est une cuvette. Et comme c’est en altitude, c’est fatiguant. Ca ressemble un peui à Katmandou en fait, avec une architecture au goût plus que douteux et beaucoup de briques. On y mange et on y loge pas tr`s cher. Il paraît qu’il y a des bars clandestins qui font des soirées bien chouettes mais je n’y suis pas encore allé.

Au début j’étais dans un hôtel oú le personnel était fort sympathique mais le lieu sans attraits aucun. J’ai donc changé et je suis allé dans un hostal rempli de français tout sympathiques. Il y avait aussi des argentines jolies et gentilles et un colombien joueur de Hang. Et puis j’ai retrouvé Titi et puis j’ai vu Bérénice et puis des amis de Yoris. Bref la vie s’est déroulée avec de chouettes rencontres. Mais sans trop d’excès parce que les 3800m on a beau ne plus avoir mal à la tête, on fatigue quand même !! La ville compte 33 miradors mais nous on est monté qu’à un seul, d’où on a une vu a 360 degrès sur toute la ville, c’est sympa.

Mais bon la ville, ça fatigue ! Et puis Titi m’avait parlé d’un festival sympathique vers Coroico. Coroico est un village dans une région dont on m’a maintes fois vanté les mérites et la verte beauté. Mais je m’attendais plus a du plat légèrment valloné et je suis tombé sur de la pente avec quelques replats. Ca ressemble, une fois encore, pas mal au Népal. Comme à la maison ! On arrive à Coroico avec Lolita en fin d’après-midi et on doit trouver un moyen de transport pour aller jusqu’à Santa Barbara à 13km de là. Les taxis demandent super cher, ils sont tous au courant du festival. Finalement on trouve un bus qui veut bien nous emmener. Un vieu monsieur rigole en nous disant “¿Van al disco? tugudum tugudum tugudum”… Apparemment c’est assez connu dans le coin !

La route est en terre est se casse la gueule dans les ravins mais le bus avance et finalement le chauffeur nous montre une tâche blanche dans la montagne et nous dit que c’est là-haut: Mais là-haut ça à l’air très très en pente. Je le sens un peu mal, le genre de festival bien roots où dormir ne fais pas partie du programme. Mais en fait il ya des replats cachés. C’est un site assez sublime, avec des arbres, une vue magnifiques, des recoins, une belle cascade perdue dans la jungle… On est accueillis par Titi et Waldo à la porte puis on monte tout en haut pour poser notre tente sur une terrasse pleine de trous et en pente. La musique n’a pas commencée. La déco est flashy, il ya plusieurs lieux pour faire du feu, un bar, un restaurant végétarien qui vend la nourriture (excellente mais un peu chère) au poids, un chill out, une zone de soins en haut d’un promontoire… Et une grande tribue de tranceux hippie aux styles cosmiques, parfois chargés, parfois peu vêtus mais toujours pleins de couleurs. Les gens veulent de la relation humaine et s’efforcent de s’ouvrir l’esprit. Il y a un mysticisme ambiant qui mélange croyances et rituels et drogues andines et hindous, parfois chrétiennes. Le festival s’ouvre par une cérémonie autour du feu oú deux chamanes (un bolivien et un brésilien) remercient la terre, les animaux, les plantes, les montagnes, les rivières, les lacs, les humains. Le tout en prenant différentes drogues (rapé, ayawaska) et en mâchant de la coca. Les Brésiliens et les Boliviens ne parlent d’ailleurs pas de drogues mais restent plus proche de l’étymologie et parlent de médecines et de travail rituel. Après la cérémonie commencent les 4 nuits et 5 jours de musique sans jamais s’arrêter. Une musique répétitive pour ne pas se perdre dans les méandres des psychotropes, ça plane et ça ancre dans la terre, ça fait voyager, ça délit les corps et réchauffe les relations. Au fil des jours la famille s’aggrandit, on prend soin les uns des autres, la réalité n’est pluis que ce groupe, ce lieu, la musique et l’ambiance. Certains sont des guerriers de la fêtes, ils ne dorment jamais et ingèrent une quantité de substances incroyable. D’autres dorment tant bien que mal, en face des enceinte. On se repose sur le promontoire ou au Chill Out, certains font du Raïki, d’autres de la méditation. On se baigne dans la cascade et on mange des légumes.

Le festival passe très vite et on repart heureux et tristes : tristes de quitter tous ces gens merveilleux mais heureux de les connaître. Et puis aussi la douche se fait nécessaire, le confort du lit et du calme relatif. On reviens à La Paz, on redescent sur terre, finis les voyages cosmiques. Mais on revient avec pleins d’amis.

Et le voyage continue : demain je pars vers le lac Titicaca avec des amis et après on verra ! Voila encore des photos, quelques unes pour vous donner une idée… Je ne sais pas si la prochaine fois il y en aura parce que mon appareil commence a avoir des soucis internes que je ne comprends pas mais je vais me pencher sur la question.

P1070753

P1070757 P1070755

P1070762 P1070765 P1070763

P1070767 P1070781 P1070777

P1070797 P1070813

P1070816

P1070820 P1070826 P1070827

 

P1070829 P1070837 P1070835

P1070838 P1070844 P1070841

 

 

Surfing terremotos avec Vio

Et voilà, j’y suis arrivé. Je suis dans le hall de la gare des bus d’Antofagasta, grande ville minière du nord du Chili. On m’a dit beaucoup de mal de cette ville où la débauche et la violence sont monnaie courante. Les mines payent largement les travailleurs pour qu’ils puissent aller dépenser le fruit de leur dur labeur dans des casinos et autres centres de consommation frénétique détenus par les mêmes compagnies minières pour lesquelles ils travaillent… On parle pas assez souvent de l’auto-aliénation du travailleur.

Mais je ne suis pas venu a Antofagasta pour y rester même si c’est la ville natale de très bons amis qui ont migré a Santiago pour ne pas devoir aller à la mine. J’attend dans le hall pour la venue tant attendue de Vio. Elle a faillie ne pas pouvoir venir et ce n’est pas par manque de volonté mais plutôt un acharnement de malchance qui s’est abatu sur notre désir de réunion ! Au début il y a eut sa fac qui ne lui donnaient pas d’informations, ensuite il y a eu le temblement de terre et l’alerte au tsunami qui a durement frappé Iquique d’où elle devait prendre son avion de retour… Ensuite il y a eu un préavi de grève a Buenos Aires pour le jour de son retour… Bref tout s’est accumulé et je n’y croyais plus. Mais on s’était dit qu’on se retrouverait dans le grand hall, à côté des toilettes, dans la gare des bus d’Antofagasta. Et à midi et demie c’est sa silouhette bien connue que je vois traverser, d’un air déterminé, les portes de la gare des bus. Joie ! C’est la première fois qu’on se voit hors d’Europe !

Retrouvailles étincellantes et chaleureuse ! Mais courtes et on saute dans un bus direction San Pedro de Atacama où nous arrivons en fin d’après-midi. C’est au milieu du désert d’Atacama (comme son nom l’indique), une oasis peuplée depuis moult et depuis haut lieu du tourisme. Le village lu-même à un petit côté “disneyland tourism”, comme un village du far-west des Westerns mais tout bien peint, avec de belles enseignes en bois pyrogravées. Nombreux ont des chapeaux, il y a beaucoup de jeeps, parfois des chevaux et tous les soirs des chiliens qui amusent les touristes en jouant des airs “indigènes”. C’est assez bizarre au début mais après quelques jours, on s’habitue ! Les restaurants par contre sont bons, surtout un où on est allé un sacré paquet de fois. Ca change d’avoir de la bonne nourriture !!

La tradition locale veut que le touriste fortuné s’offre des “Tours” organisés par des agences pour découvrir les beautés préservées qu’offre l’Atacama au voyageur incrédule. Etant des touristes, anthropologues (ou presque) de surcroît, nous avons décidés de nous conformer aux exigences locales. Cependant, Ron m’avait passer le contact d’un ami à lui, Juan Pablo, qui “organise des tours, vend des vêtements et est un dj psytrance”. Un contact en hors. Il nous a emmené voir les lacs de sels où l’on flotte, des trous d’eau dans le désert ainsi qu’une énorme saline toute blanche. Des lieux incroyables, dignes d’une autre planète et forçant l’admiration face à la puissance de la nature qui a créé cela. Le tour entier s’est fait au son de minimale andine et psytrance du crûs. Flotter ainsi dans une lagune de 18m de profondeur, d’un bleu tout aussi profond, les volcans légèrement soupoudrés de neige au fond, c’est assez exceptionnel. Après le sel, il fallait bien sûr se rincer dans des trous d’eau douce, à quelques kilomètres de là. Les Ojos del Salar sont, d’après Juan Pablo encore plus profond que les lagunes. C’est la nappe phréatique qui remonte (“non c’est la typographie qui descend au niveau de la nappe” dit Phiémon…) à certains endroits et forme ces points d’eau au milieu du désert. Nous allons ensuite sur un Salar, tout blanc, où l’eau bleu laisse appercevoir des cristaux violets et rouges et blancs. C’est tout plat, c’est tout blanc. On peut faire des photos rigolottes graces à la magie de la perspective. Le soleil brûle, le blanc ébloui. Une expérience !

En fin d’après-midi, apr`s la sieste, on rejoint Juan Pablo pour aller a la bien-nommée Valle de la Luna. On sort de la terre, direction la lune ou bien mars mais en tous cas on n’est plus sûr de là où on est.  C’est la cordillière du sel, des montagnes très salées et, donc, très sèches. Un décors de formations rocheuses pleines de trous, façonnées par la pluie et le vent. Des dunes, des plats, des pentes abruptes. Le tout dans une lumière de fin du monde avec un orage qui se prépare. On regarde le couché du soleil du haut d’une dune en mâchant de la coca. Juan Pablo m’explique comment on fait parce que le lendemain on monte a 4300m au-delà de ma limite de résistance népalaise. Il faut prendre une dizaine de feuilles et les enrouler autour d’un “activateur”, un bout de résine d’arbre fruitier séché que l’on peut trouver soit sucré soit salé. On place ensuite la boule ainsi faite entre la joue et la mâchoire et on “rumine”. Ca anasthésie un peu la bouche mais c’est bon. On a aussi acheté des bonbons a la coca pour le lendemain.

Le lendemain, donc, on a une nouvelle expérience : le vrai tour organisé pour touriste. Le petit troupeau qu’on emmene par-ci par-là avec un gentil organisateur polyglotte qui nous explique tout et nous stresse pour qu’on écoute et qu’on traîne pas trop, il faut aller vite ! On suti et on écoute, on admire quand il le faut et on rigole quand il y a des blagues. On a de la chance parce que dans ce genre de trucs ça peut vite toucher des sommet de beaufitude… Mais on voit des trucs sympas : des lacs d’altitudes, des suris – sortes d’autruches ou de ñandus tout gris et tout rigolos, des vicuñas, des llamas, et des ânes sauvages ! On va aussi dans un autre salar (laguna chaxa) qui est un haut lieu de nidification de trois types de flamants (chilien, andin et de James). On reviens de ce tour encore plus fatigué que jamais mais on a vaincu á la fois les 4000m mais aussi le troupeau touristique du tour organisé.

Les jours suivant, c’est repos, premenades, on profite de la vie et de se voir, entre vieux amis c’est toujours sympathique ! On monte jusqu’à un vieu fort indiens du sommet duquel on peut admirer la cordillière du sel ainsi que la vallée de la mort et le désert et le village de San Pedro.

On repart le mercredi soir. On prend un bus jusqu’à Iquique puisque l’avion de Vio repart de là’bas et moi je compte aller a Arica à la mer puis aller ensuite a La Paz : maintenant que j’ai vaincu les 4000m, plus rien ne me retient !

A Calama on rencontre Norberd, un vieil Allemand qui fait les décorations de l’opéra de Hambourg et qui passe sont temps à voyager et à peindre des aquarelles très belles. Il parle presque pas español et très peu l’anglais… Et mon allemand est inexistant. Mais on arrive à discuter et on boit beaucoup de pisco que j’avais acheté dans la vallée d’Elqui. Le bus part à 23h et je dors très facilement ! Mais à 4h, on est réveillé : le terminal des bus est sous les eaux, il n’y a pas de bus pour Arica mais pour la Bolivie il peut me déposé là, avant Iquique et je trouverai des bus… Pour Vio, le chauffeur dit qu’il l’emmènera jusqu’à l’aéroport. Nos adieux sont rapides, le bus n’attend pas.

Et je me retrouve dans le froid à chercher un bus pour La Paz directement… On me dit qu’il n’y en a pas mais qu’un bus va a Oruro et part à 7h30. J’achète le billet et passe un bus qui va à Arica. Le temps que j’essaye de me faire rembourser mon bus puor Oruro et il est reparti, ce sera Oruro… On part, en 4h on passe du niveau de la mer a l’Altiplano a environ 4000m. La frontière est une formalité. Côté bolivien, il ya pleins de troupeaux de llamas et des orages dans le fond du paysages. La route devient une piste de terre battue… Après pas mal d’heure on arrive à Oruro où je m’étais dit que je pourrais faire une pause d’une nuit. Mais Oruro, ça ressemble un peu beaucoup à ces villes routières du Népal : des maisons en briques moches avec beaucoup d’ateliers mécaniques… Ca me tente pas trop alors je reprends un autre bus pour aller à La Paz… Le bus part et il crève un pneu… Finalement un autre bus arrive et on pars enfin… Le bus est surchargé et il change du confort des bus chiliens… Il fait moche, il y a pleins d’orages avec des éclairs très beaux ! Mais je suis épuisé et je commence à avoir mal à la tête : faituge, gueule de bois, altitude… J’arrive à La Paz et je me jette dans un hôtel confortable… J’ai plus qu’à découvrir La Paz et essayer de retrouver les copains qui s’y trouve peut-être ou bien qui s’y trouveront !

Voilà quelques photos de tout ça… Malheureusement il y avait une poussière sur le capteur de l’appareil et je ne l’ai enlevé (bon, Vio ne l’a enlevé) qu’hier alors il y a une tâche sur la plupart des photos !! Par contre je suis désolé mais je n’arrive pas à redresser les photos, si quelqu’un a une idée de comment faire, n’hésitez surtout pas !!!

P1070492

 

P1070496 P1070503 P1070505 P1070507

 

P1070516 P1070522 P1070524 P1070528

 

P1070533 P1070536 P1070541 P1070550 P1070557

 

P1070568 P1070580 P1070579 P1070574 P1070570

 

 

P1070585 P1070593

P1070620 P1070627 P1070622

P1070633 P1070635 P1070650 P1070658

P1070669 P1070683 P1070680 P1070672 P1070671

P1070691 P1070696 P1070688 P1070702

P1070704 P1070729 P1070725 P1070720 P1070715 P1070712

 

 

 

 

Valle de Elqui, Voyage en Retard

Les chemins sont comme les mots, des prisons qui enferment l’âme du voyageur. Mon âme est prisonnière et j’embrasse le chemin, sans pouvoir en sortir.

 

Eh voila un mois pile que je suis au Chili et je n’ai toujours rien écrit… C’est mal et vous vous languissez de revoir ma douce et coulante écriture, j’en suis sûr, et c’est bien normal !! J’ai eu du mal en arrivant a Santiago a trouver de l’inspiration, je ne la trouve toujours pas mais j’ai décidé de lui forcer un peu la main en me mettant devant un écran. Fils de Babylone que je suis, l’angoisse de la page blanche et telle qu’écrire plus d’un paragraphe dans un carnet est chose bien plus difficile que devant un écran. La conséquence de cela est qu’il me faut un écran pour réussir a me remettre a écrire un tant soit peu !

Enfin, bref ! Cessons de tergiverser. Sans revenir en détail pour l’instant sur mon arrivée a Santiago, mes déboires émotionnels, la débauche de Montemapu et ma consommation excessive de livres bon marché trouvés sur Internet, passons aux choses sérieuse… Plus de trois semaines après être atterri a Santiago, j’ai enfin réussi a décoller de ma merveilleuse coloc pour me mettre en route et chercher mon âme profonde au détour d’un chemin voyageur. C’était pas facile, pour de vrai. Voyager tout seul me rebute toujours et j’ai trouvé un sacré paquet de bonnes raisons pour remettre a plus tard mon départ… Il faut dire aussi que pour une fois mes qualités organisationnelles hors-paires n’étaient pas  au rendez-vous.

Encore une fois : bref… Dimanche soir dernier, par une belle nuit sans lune et aux étoiles resplendissantes derrière un voile de gaz divers et variés, je sortais de ma maison pour aller frapper chez les voisins. Sur mon dos trônait un sac aux dimensions gargantuesques mais je n’en avais cure ! Rob était prêt, nous pouvions partir…

Un bus de nuit jusqu’à La Serena n’ait pas nécessairement la meilleure idée que l’on pourrait avoir… Le voyage est trop court (a peine 6 heures) et du coup pour dormir c’est un peu compliqué. On est arrivé a 5h30 et quelques a la gare des bus de La Serena… Petit déjeuner de pan con palta (faut s’y habituer, c’est notre menu des prochains jours, matin, midi et soir) puis tentative de finir la nuit… On ne peut pas partir directement a la Valle parce que Rob doit appeler en Angleterre, douce Albion, sa terre d’origine, pour changer son billet d’avion… Tout ça prend beaucoup de temps et finalement je prends le bus tout seul a 13h parce qu’il ne sait toujours pas combien de temps ça va lui prendre et j’en ai marre de zoner a La Serena… Surtout qu’il fait moche, couvert, froid. Pendant qu’on attendait dans un parc, une dame et un monsieur essayent de réveiller un vieux bonhomme qui dort dans une étrange position. Finalement ils appellent une ambulance qui arrive au moment ou le bonhomme se réveille. Plus tard la dame vient nous demander si on a pas vu ce qui s’était passé : il semblerait que des gens lui aient injecter un produit subrepticement pour l’endormir et lui dérober sa maigre retraite (128 000 pesos, c’est vraiment pas énorme, genre un peu moins de 200 euros) qu’il venait de retirer. Une histoire bien triste qui se conjugue bien avec le ciel grisâtre. Tout concourt a m’inciter a m’en aller d’ici…

A une heure, donc, je pars en bus après avoir donné rendez-vous a Rob directement au camping on nous voulons aller. Dans le bus, un Israélien perdu et arrogant se fait expliquer la vie par un Chilien prévenant. Le bus monte et s’éloigne de la côte. On rentre dans un paysage qui fait penser a la fois a l’Iran et a la fois a la vallée de Jomson (ce qui est peu étonnant pour ceux qui connaissent les deux endroits). Des montagnes très abruptes et très sèches, parsemées de buissons dignes de Westerns. Mais le fond de la vallée est une sorte de petit paradis luxuriant, pleins de vignes qui alimentent la production nationale de Pisco. Les vallées sont assez encaissées mais il fait toujours beau (360 jours de beau temps et 120mm de précipitation par an…). Bienvenu dans la vallée connue pour ses étoiles, son pisco et ses ovnis !

Je descend a Monte Grande puis je fais du stop sur une route en terre pour me rendre dans la vallée de Cochiguaz ou m’attend le camping de Rio Magico. Finalement, après pas mal d’attente c’est le propriétaire même du camping qui me prend en stop et m’emmène directement au centre  de notre futur lieu de logement. C’est assez bizarre comme endroit : c’est très très joli avec des emplacements de tentes espacés le long de la rivière toute belle mais tout ce tronçon de la vallée, ainsi que la colline qui la surplombe appartient a une seule famille qui loue des bouts aux habitants locaux. C’est apparemment la manière dont fonctionne ce pays, avec des “fondos” et des gens en fermage. Cela dit les propriétaire du fondo (ou fundo d’ailleurs, j’en sais rien) rio magico sont très sympathique et complètement mystique. Je les soupçonne même de faire partie des Haré Krishna. Ils sont très fier du fait que leur vallée soit une capitale New Age et un des deux pôles magnétiques alternatifs de la terre (nord – sud mais aussi Himalaya et Valle de Cochiguaz). Il y a souvent des extra-terrestres mais aussi des intra-terrestres dans le coin nous explique-t-il…

Enfin. J’arrive la-bas tout seul, je monte la tente, j’essaye de me baigner, je n’y arrive pas car l’eau est vraiment trop glacée, je prends une douche, je lis au soleil… Puis je me rend compte que Rob n’est toujours pas arrivé. Et je commence a me dire que je suis vraiment un sale type, que ça se fait trop pas de laisser un copain comme ça derrière (même si c’est un peu lui qui avait insisté pour que je parte en avant). Et puis je m’inquiète parce que c’est moi qui ai la tente ET la bouffe et que c’est du coup un peu problématique si on n’arrive pas a se retrouver. L’angoisse me tord les entrailles, je ne mange pas de la journée. Au bout d’un moment je sors du camping (toujours aussi vide, il n’y a personne a la réception en ce moment, il faut juste s’installer et voila, un garde du camping viendra voir plus tard). Et devant le camping je vois Rob qui attend et qui semble au moins aussi soulagé que moi. Bref, d’émouvantes retrouvailles. Finalement son appel en Angleterre n’a pas fonctionné…

Le lendemain on s’est juste promené tranquillement dans la vallée et le soir on a fait une visite de l’observatoire des étoiles du village avec un vieux monsieur complètement passionné et qui arrive bien a communiquer son ardeur céleste. Les ciels nocturnes sont vraiment extraordinaires ici, très limpides, et j’ai enfin compris l’expression de la voûte céleste. Hier nous sommes arrivé avec Juan Luis a Pisco Elqui, principale bourgade locale. On a visité la fabrique du pisco Mistral, connu mais industriel et vendu dans tout le pays. C’est sympa et ça fini avec avec une dégustation, ce qui est encore plus sympa. A midi Rob repart, il veut aller vers Iquique, au nord, et son bus part a 19h de la Serena. Je me demande ce qu’il va trouver la-bas avec le tremblement de terre… Moi je me mets dans un hostal, pour rencontrer des gens.

L’Hostal San Pedro est un endroit très sympa avec un propriétaire (Santiago) gentil et accueillant. Il parle français parce qu’il a vécu un peu en France, a vendre de l’artisanat de cuire a Avignon. L’après-midi avec Juan Luis on va voir une autre distillerie de pisco, beaucoup plus artisanale, la première du Chili, celle de Los Nichos. La visite est bien intéressante et la dégustation aussi. Finalement je rentre a Pisco Elqui et je rencontre un couple d’anglais (j’ai un peu l’impression de rencontrer que des anglais ici) très sympa qui se balade en Amérique Latine pour presque une année entière. On se fait un petit barbecue et on se bourre la gueule au vin et au pisco : une excellente soirée. Ils repartaient aujourd’hui vers le nord. Moi je suis aller me promener dans la montagne. Monter dans ses pentes arides pour mieux voir cette riante vallée. Marcher en montagne me fait du bien, ça dégourdi et ça détend et puis ça permet aussi de réfléchir et prendre du recul sur tout. J’avais bien besoin de cette montagne. Le seul petit point négatif, c’est que au Chili, tout est privé et se promener au bord de la rivière est impossible, se promener tranquillement en déambulant au gré du vent est impossible. C’est un peu triste toute cette propriété privée !

Voila pour ce début de voyage. L’inspiration est bof venue et j’ai la mauvaise impression d’être resté très descriptif mais l’élan littéraire n’est pas a la portée du premier manant venu ! Pour la suite, normalement je retrouve Vio bientôt (joie joie) a Antofagasta pour aller a San Pedro de Atacama ensuite. Ça, c’est si elle peut venir malgré les soucis liés aux tremblements de terre…

Et voila quelques photos ! (et en plus elles sont en ordre inverse de la chronologie des événements…)

 

P1070482 P1070479 P1070464 P1070459 P1070451 P1070450 P1070443 P1070427 P1070413 P1070410 P1070395 P1070385 P1070376 P1070360 P1070354 P1070353 P1070345 P1070331 P1070323 P1070322

 

PS : Petit jeu pour le cybernaute oisif : peux-tu retrouver et remettre a leur place tous les accents graves que je n’ai pas pu mettre car je ne les trouvais pas sur le clavier ?

Alamut (Iran 2)

Voilà, je l’avais “promis” à la masse informe de mes lecteurs assidus. Quelques photos d’Alamut ! Comme d’habitude, il importe de présenter quelque peu le contexte avant de se lancer dans cette aventure !

De retour de notre périple aux confins de l’histoire et du désert iranien, sur ce plateau balayé des vents et des empires, nous sommes revenus à Téhéran juste avant le weekend. L’idée était de profiter de cette pause hebdomadaire de mon père pour partir avec lui et quelques uns de ses charmants collègues à la découverte des montagnes du nord-ouest de Téhéran.

Alamut, c’est le nid d’aigle de Hassan Sabah, le berceau des Hashishin, légendaires meurtriers de la “sectes” des Ismaëlites. Les légendes sont légions sur cette région désertique qui ne se laisse capturer par de simples vérités historiques et factuelles. La réalité est plus belle dans la légende, elle y atteint une épaisseur délicieuse où l’imagination peut se vautrer dans la dépravation de l’extraordinaire. Tout le monde a entendu parler des Assassins, drogués jusqu’au bout du neurone et prêt à tout pour pouvoir retourner auprès de leur maître, dans les jardins de plaisirs et de paradis qui enflamment les rêves des occidentaux blasés par la norme de leur société rigide. Le mystique attire, le mystérieux encense.

C’était donc une bonne idée d’aller voir le lieu de cette exaltation poétique où le danger le plaisir et la beauté se fondent dans un mythe oriental. La chute est rude pour une légende et le nid d’aigle n’est plus que ruines, rasées par l’histoire, les armées et les désillusions. C’est un cadre magnifique. Seul un tel paysage où la grandeur le dispute au magnifique, où l’hyperbole se ridiculise et le rythme ternaire s’impose au discours pouvait générer autant de supputations alléchantes.

On roule au rythme des voitures, naviguant à flanc de collines, le nez au vent et la joue rafraîchie. On monte aux sommets pour plonger dans des gorges profondes. Du désert aux montagnes abruptes, des gorges aux plateaux, des falaises aux oasis, du sec à la Caspienne.

Merci à Pierre qui a pris la plupart des photos avec son œil aiguisé et sa sensibilité picturale. Alamut 1 Alamut 2 Alamut 3 Alamut 4 Alamut 5 Alamut 6 Alamut 7 Alamut 8 Alamut 9 Alamut 10 Alamut 11 Alamut 12 Alamut 13 Alamut 14 Alamut 15 Alamut 16 Alamut 17 Alamut 18 Alamut 19 Alamut 20 Alamut 21 Alamut 22 Alamut 23 Alamut 24 Alamut 25 Alamut 26 Alamut 27 Alamut 28 Alamut 29 Alamut 30 Alamut 31 Alamut 32 Alamut 33