Nueva Era

Alors je m’étais arrêté à la fin du voyage au Sud avec mes deux amies sympathiques. Depuis, il s’est passé pas mal de choses, vous vous en doutez, mais je ne vais pas m’appesantir trop sur tous les événements qui se sont passés. Rapidement : en rentrant on a fêté le départ d’Amanda jusqu’à point d’heure, elle est partie en bus jusqu’à sa maison au Brésil (48h), les larmes aux yeux de quitter cette ville qui a été sa maison pendant un an et qui, m’a-t-elle dit, l’a beaucoup changé et lui a énormément apporté. La semaine suivante, c’était Melissa qui partait au Mexique faire son stage et nous avons, de nouveau, festoyé jusqu’à ce que la proprio vienne nous virer la maison et nous avons fini dans un bar pas loin. La semaine suivante, Larissa s’en va. Là encore ce fut très triste et en même temps on a bien festoyé, plusieurs soirs de suite. Je vous dis tout ça pour que vous vous rendiez compte qu’en fait tout le groupe avec lequel je passais ma vie s’est disloqué. Enfin, Séba s’est fait plus ou moins viré de la maison par la Lily (gérante).

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(Ces photos ont été prises avec l’appareil d’Alice, pas le mien)
Donc, pendant deux jours, je me demandais bien ce que j’allais faire alors je me suis mis à travailler vraiment. Je suis allé à une manifestation, appelé par un groupement étudiant dissident de la FECH. La manifestation se déroulait sur la Plaza Italia à 11 heures. Je suis arrivé un peu avant 11 heure et l’endroit grouillait de “tortues” armées et pas très contentes. Au bout de quelques minutes, des manifestants se sont mis à jeter des pierres, des bouteilles et des bombes de peinture sur la police qui a encaissé ça puis qui a répliqué avec le “Guanaco”. Le “guanaco” est un monstre antique qui avance sur des roues, il est blindés et a plusieurs trompes souples qui lancent à très haute pression une eau mélangée a des composants chimiques qui sont réputés pour faire vomir une fois sur trois, qui collent à la peau et donnent une sensation de brûlure sur la peau. Les tortues utilisent aussi des paniers à salade blindés pour ramasser les manifestants récalcitrants qui sont auparavant molestés dignement et avec application. La “tortue” effectue sont travail avec un professionnalisme digne des Suisses des légendes. Dans l’arsenal de ces petites bêtes dotée d’un sens de l’obéissance aveugle, il y a aussi des bombes lacrymogène très efficaces, qui brûlent le visage et font éternuer (j’en ai fait la délicate expérience). La manifestation s’est déroulée (enfin le début du moins) en une sorte de jeu de va-et-vient, un mouvement de vagues du Pacifique dont les rivages suent des produits chimiques ravageant la peau et les poumons, forçant les manifestants à se disloquer. Mais ces derniers, tels une nappe de pétrole, se défont puis se regroupent en chantant et scandant des slogans. A un moment arrive un groupe habillé en troubadours gitans de l’Est. Il se mettent à chanter, à danser et à jouer de la musique. Les deux filles font une danse de type arabique au milieu de la foule qui applaudit. Les tortues n’ont pas l’air sensible à cet art nouveau qui défie par sa légèreté la pesanteur de l’entreprise de répression. La tension monte encore d’un cran, les paniers à salade blindés font des allers-retours, les incidents explosent, le tout dans une atmosphère qui reste festive avec les danses et la musique. Les tortues montrent les crocs et intimident les spectateurs. Je ne reste pas plus longtemps : je ne veux pas me faire arrêter et expulser du pays ; se faire matraquer par une tortue est une chose, se faire expulser en est une autre. Je rentre donc à la maison, me préparer pour un entretien avec Valéria, une militante de la faculté de théâtre, amie de Valentina, une amie de ma maison. L’entretien se déroule au sein de la faculté de théâtre et elle me parle de son engagement avec une organisation trotskiste, des dissensions marquées au sein du mouvement, de la confiscation de la parole par le bureau exécutif de la FECH, du combat pour que la revendication de l’éducation gratuite et de qualité soit adoptée par le mouvement. La conversation se poursuit pendant une bonne grosse heure, des camarades de classe, de théâtre et de lutte, se joignent à divers moments de la conversation, apportant leur grain de sable ou soutenant des propos. C’est très intéressant mais Valeria doit partir se préparer pour une répétition de théâtre et elle me dit qu’il faut absolument que l’on se revoit pour continuer à discuter du mouvement (on n’est pas allé au-delà de 2011, donc il reste un an et demie de lutte à discuter). Je rentre le soir, heureux du travail bien fait. Le lendemain, je vais à un autre entretien avec Sofia, une anarchiste d’un milieu “aisé mais avec de la conscience”. Nouvel entretien avec une citoyenne de base, non une élue trotskiste et ça donne une nouvelle vision du mouvement, tout aussi intéressante. Ce qui est intéressant, c’est que chaque personne utilise les outils d’analyse acquis lors de leur formation pour donner leur analyse du mouvement. Sofia étudie l’histoire et a une vision marquée par l’historicisme et cela lui permet de voir les changement sociaux plus profond qui s’opère, sur un temps long, mais dont les mouvements ont été une émanation.

11. 11h 12. Tortues 13. Panier à salade 14. Demande refusée par le gvt 15. Banderole 16. Happy manif ! 17. Guanaco 18. And again

(Première “observation participante” avec pour mission : “Ne pas se faire choper par les flics !”)
Après ces deux jours de travail, vient le weekend. Le vendredi soir, nous allons danser sur de la Cumbia toute la nuit avec des amis, on rigole bien, on évite plusieurs batailles (Luis se faisait insulter parce qu’il est colombien et quand il est un peu saoul il tape alors il fallait le retenir mais c’était rigolo). La nuit ne fini pas, les rythmes s’enchaînent, les déhanchements s’accentuent, la joie est palpable, l’excitation est à fleur de peau et l’ivresse nous emporte dans ses balais aériens où la conscience et le rêve se mélanges aux vapeurs alcoolique du Pisco ingéré. Une merveilleuse nuit qui se finit le lendemain avec une certaine gueule de bois. Samedi nous allons jouer aux cartes en buvant du jus de fruit au parc avec Séba et Pancho et le soir nous allons à la “soirée de solidarité” pour Maximiliano, le beau-fils d’un ami brésilien (Rodrigo) qui est tombé du quatrième étage de son immeuble et est dans le coma. C’est une soirée qui est tout de même joyeuse, la bière coule à flot et, ce qui est rigolo, c’est que tous les potes de Rodrigo sont des rockeurs au style affiché et repérable de loin. Ca me rappelle un peu les amis de Kathmandou !
Lundi soir, je suis parti pour aller à Mendoza refaire mon visa. Ce fut un voyage très court mais intense ! Le bus est parti vers 22h30 de la gare, un film est mis en route mais forcément j’avais oublié mes lunettes alors je voyais rien donc je me suis mis à dormir. Ma nuit de sommeil n’a malheureusement pas duré longtemps : à 1h du matin, nous arrivons à la frontière. On nous fait descendre et attendre en ligne, dans le froid (la frontière est à 2800m alors ça caille, surtout la nuit), qu’on puisse passer devant deux officiers de douanes, un Chilien et un Argentin. Les services argentins “fouillent” ensuite (très rapidement) nos sacs et, une heure ou deux plus tard on repart vers Mendoza. A la douane je rencontre un Français rigolo qui vient de Strasbourg mais qui voyage depuis 5 mois depuis le Mexique. C’est un personnage tout à fait rigolo : il se balade avec une machette dans son sac depuis le Guatemala et un gros pistolet à eau depuis la Bolivie. Il a aussi dans sa besace au moins 5 litres de rhum. Il a de la chance parce que les Argentins ne fouillent pas son sac. On repart donc vers Mendoza, je ne dors pas vraiment dans cette portion de voyage… Enfin je m’endors vraiment mais à peine une heure avant que l’on arrive à Mendoza à 5 heure du matin… Comme on ne veut pas payer d’hôtel pour quelques heures, on sort de la gare routière pour trouver un parc. Forcément on sort du mauvais côté et pendant 40 minutes on déambule dans des quartiers sans aucun intérêt, perdus loin du centre et on fini par retomber sur la gare routière où on croise une jeune voyageur allemand qui était dans le bus aussi et qui nous demande ce que l’on fait. On demande notre chemin vers le centre et on se met à marcher. Au bout d’une vingtaine de minutes on arrive à la place principale où on décide de se poser sous un arbre. Deux chiens (Kukur et Clicli comme on les appelle dans un éclat de rire causé par la fatigue qui nous fait dire beaucoup de conneries) nous entourent et nous “protègent” : toute la “nuit”, dès qu’un individu (animal ou humain) s’approche, les deux chiens se ruent en aboyant sur eux. Alors c’est pas pratique pour dormir mais au moins on sait qu’on va pas se faire voler. On boit quelques goulets de rhum vénézuélien puis on dort/somnole jusqu’à vers 8h. A ce moment, on décide de bouger parce que Manu (le français) veut trouver une auberge et moi parce que j’ai pas grand chose à faire à part attendre la fin d’aprem pour aller chez une amie (qui était une année en-dessous de moi au lycée puis en prépa) qui m’accueillera pour la nuit. On se balade et plus je côtoie Manu, plus il fait le punk, c’est rigolo. Finalement, après maints détours par différentes auberges et l’office du tourisme, on arrive à la Puerta del Sol, auberge tenue en cette matinée de mars par une charmante québécoise au délicieux accent outre-atlantique. Une fois posé là, on repart se balader dans la ville où on rencontre une charmante habitante de Mendoza qui nous promène un peu puis nous laisse pour aller travailler. Finalement on marche jusqu’au parc San Martin, ne s’arrêtant en chemin que pour une bière et un bout à manger. Le Parc San Martin est énorme, il fait à peu près la superficie de la ville de Mendoza (sans les communes adjacente) et il paraît qu’il faut trois quarts d’heure pour le traverser en largeur. Nous on s’arrête bien avant, à côté d’un “lac” tout élongé, sous des arbres touffus pour faire la sieste. Je dors une petite heure puis je vais voir le groupe à côté qui joue aux cartes afin de sociabiliser. Ce sont encore des Français (Mendoza pullule de Français en fait) qui voyage dans le sud de l’Amérique du Sud. Ils sont très sympa, de Besançon et de Dijon. On discute en buvant quelques bières (il fait chaud alors il faut bien s’hydrater). Vers 18h, on repart vers l’auberge de Manu où j’ai laissé mon sac. Ils nous proposent de les rejoindre dans la soirée pour manger et boire du vin. Je prends leur numéro de téléphone pour voir mais je ne suis pas sûr parce que j’aimerai bien aussi voir Anaëlle tranquillement, même s’ils sont très sympas ! J’essaye d’appeler Anaëlle, ça ne marche pas. En désespoir de cause, je regarde mes mails et je vois qu’elle m’écrit que son téléphone ne marche plus et me donne son adresse. Je marche donc jusque chez elle. Elle me fait visiter rapidement : c’est une maison gigantesque plein de recoins et d’escaliers qui accueille une vingtaine de personne mais très peu d’Argentin. On ressort parce qu’elle doit acheter un billet pour aller en Bolivie la semaine prochaine. On se promène à nouveau dans les rues, on achète quelques livres en espagnol (pour que j’apprenne mieux) et on va boire un coup en mangeant une pizza dans un bar-resto très coloré qui passe beaucoup de reggae. C’est fort sympathique, on discute du bon vieux temps préparatoire et du futur incertain du doctorant. Elle fait un stage de M1 de géographie physique sur l’impact du réchauffement climatique sur un rivière au-dessus de Mendoza. Elle m’explique qu’en fait Mendoza est une gigantesque oasis au milieu d’un grand désert (240 mm de pluie par eau, sur trois jours violents en moyenne je crois). Cette oasis est alimentée par les glaciers de la Cordillère juste au-dessus qui culmine à très haut. Avec le changement climatique, il y a moins de glaciers mais plus de pluies violente et, donc, tout l’éco-système est perturbé. Enfin bon voilà un peu ce qu’elle m’explique, c’était bien intéressant ! On rentre chez elle et on se couche : elle part de chez elle à 7h du matin pour faire des relevés en montagne et moi je partirais à 8h30 pour rejoindre la gare et prendre mon bus à 9h50 pour retourner à Santiago. Dans le bus du retour, les demoiselles devant moi baissent leurs fauteuils très bas, écrasant constamment mes genoux et mon voisin arrière lâche des gaz tout à fait insupportable : ce n’est pas un voyage très agréable. Le seul avantage de ce voyage c’est qu’il est de jour donc je peux profiter du paysage à défaut du film qui est un vrai navet. A la douane, je rencontre un péruvien super sympa qui rentre d’Argentine au Pérou en bus, il en a pour encore quelques jours je pense…

19. Fontaine d'eau colorée ;'( 20. Tonelle 21. Lac 22. San Martin 23. Arbre 24. On the way back 25. Ancien chemin de fer 26. Désertique 27. Ca survit 28. Militaires ? 29. Puente del Inca 30. Côté chilien 31. Lunaire 32. La route

(Désolé, y a pas beaucoup de photos de la ville mais bon, c’est ainsi ! 😀 )
Voilà pour cette nouvelle ère de ce séjour au Chili. Je vais plus travailler, il me reste plus qu’un mois après tout… En même temps il y a beaucoup d’événements : concerts, théâtres, cirques, soirées où je veux aller avec des gens bien sympathique… Enfin, la suite au prochaine numéro !!

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