Valle de Elqui, Voyage en Retard

Les chemins sont comme les mots, des prisons qui enferment l’âme du voyageur. Mon âme est prisonnière et j’embrasse le chemin, sans pouvoir en sortir.

 

Eh voila un mois pile que je suis au Chili et je n’ai toujours rien écrit… C’est mal et vous vous languissez de revoir ma douce et coulante écriture, j’en suis sûr, et c’est bien normal !! J’ai eu du mal en arrivant a Santiago a trouver de l’inspiration, je ne la trouve toujours pas mais j’ai décidé de lui forcer un peu la main en me mettant devant un écran. Fils de Babylone que je suis, l’angoisse de la page blanche et telle qu’écrire plus d’un paragraphe dans un carnet est chose bien plus difficile que devant un écran. La conséquence de cela est qu’il me faut un écran pour réussir a me remettre a écrire un tant soit peu !

Enfin, bref ! Cessons de tergiverser. Sans revenir en détail pour l’instant sur mon arrivée a Santiago, mes déboires émotionnels, la débauche de Montemapu et ma consommation excessive de livres bon marché trouvés sur Internet, passons aux choses sérieuse… Plus de trois semaines après être atterri a Santiago, j’ai enfin réussi a décoller de ma merveilleuse coloc pour me mettre en route et chercher mon âme profonde au détour d’un chemin voyageur. C’était pas facile, pour de vrai. Voyager tout seul me rebute toujours et j’ai trouvé un sacré paquet de bonnes raisons pour remettre a plus tard mon départ… Il faut dire aussi que pour une fois mes qualités organisationnelles hors-paires n’étaient pas  au rendez-vous.

Encore une fois : bref… Dimanche soir dernier, par une belle nuit sans lune et aux étoiles resplendissantes derrière un voile de gaz divers et variés, je sortais de ma maison pour aller frapper chez les voisins. Sur mon dos trônait un sac aux dimensions gargantuesques mais je n’en avais cure ! Rob était prêt, nous pouvions partir…

Un bus de nuit jusqu’à La Serena n’ait pas nécessairement la meilleure idée que l’on pourrait avoir… Le voyage est trop court (a peine 6 heures) et du coup pour dormir c’est un peu compliqué. On est arrivé a 5h30 et quelques a la gare des bus de La Serena… Petit déjeuner de pan con palta (faut s’y habituer, c’est notre menu des prochains jours, matin, midi et soir) puis tentative de finir la nuit… On ne peut pas partir directement a la Valle parce que Rob doit appeler en Angleterre, douce Albion, sa terre d’origine, pour changer son billet d’avion… Tout ça prend beaucoup de temps et finalement je prends le bus tout seul a 13h parce qu’il ne sait toujours pas combien de temps ça va lui prendre et j’en ai marre de zoner a La Serena… Surtout qu’il fait moche, couvert, froid. Pendant qu’on attendait dans un parc, une dame et un monsieur essayent de réveiller un vieux bonhomme qui dort dans une étrange position. Finalement ils appellent une ambulance qui arrive au moment ou le bonhomme se réveille. Plus tard la dame vient nous demander si on a pas vu ce qui s’était passé : il semblerait que des gens lui aient injecter un produit subrepticement pour l’endormir et lui dérober sa maigre retraite (128 000 pesos, c’est vraiment pas énorme, genre un peu moins de 200 euros) qu’il venait de retirer. Une histoire bien triste qui se conjugue bien avec le ciel grisâtre. Tout concourt a m’inciter a m’en aller d’ici…

A une heure, donc, je pars en bus après avoir donné rendez-vous a Rob directement au camping on nous voulons aller. Dans le bus, un Israélien perdu et arrogant se fait expliquer la vie par un Chilien prévenant. Le bus monte et s’éloigne de la côte. On rentre dans un paysage qui fait penser a la fois a l’Iran et a la fois a la vallée de Jomson (ce qui est peu étonnant pour ceux qui connaissent les deux endroits). Des montagnes très abruptes et très sèches, parsemées de buissons dignes de Westerns. Mais le fond de la vallée est une sorte de petit paradis luxuriant, pleins de vignes qui alimentent la production nationale de Pisco. Les vallées sont assez encaissées mais il fait toujours beau (360 jours de beau temps et 120mm de précipitation par an…). Bienvenu dans la vallée connue pour ses étoiles, son pisco et ses ovnis !

Je descend a Monte Grande puis je fais du stop sur une route en terre pour me rendre dans la vallée de Cochiguaz ou m’attend le camping de Rio Magico. Finalement, après pas mal d’attente c’est le propriétaire même du camping qui me prend en stop et m’emmène directement au centre  de notre futur lieu de logement. C’est assez bizarre comme endroit : c’est très très joli avec des emplacements de tentes espacés le long de la rivière toute belle mais tout ce tronçon de la vallée, ainsi que la colline qui la surplombe appartient a une seule famille qui loue des bouts aux habitants locaux. C’est apparemment la manière dont fonctionne ce pays, avec des “fondos” et des gens en fermage. Cela dit les propriétaire du fondo (ou fundo d’ailleurs, j’en sais rien) rio magico sont très sympathique et complètement mystique. Je les soupçonne même de faire partie des Haré Krishna. Ils sont très fier du fait que leur vallée soit une capitale New Age et un des deux pôles magnétiques alternatifs de la terre (nord – sud mais aussi Himalaya et Valle de Cochiguaz). Il y a souvent des extra-terrestres mais aussi des intra-terrestres dans le coin nous explique-t-il…

Enfin. J’arrive la-bas tout seul, je monte la tente, j’essaye de me baigner, je n’y arrive pas car l’eau est vraiment trop glacée, je prends une douche, je lis au soleil… Puis je me rend compte que Rob n’est toujours pas arrivé. Et je commence a me dire que je suis vraiment un sale type, que ça se fait trop pas de laisser un copain comme ça derrière (même si c’est un peu lui qui avait insisté pour que je parte en avant). Et puis je m’inquiète parce que c’est moi qui ai la tente ET la bouffe et que c’est du coup un peu problématique si on n’arrive pas a se retrouver. L’angoisse me tord les entrailles, je ne mange pas de la journée. Au bout d’un moment je sors du camping (toujours aussi vide, il n’y a personne a la réception en ce moment, il faut juste s’installer et voila, un garde du camping viendra voir plus tard). Et devant le camping je vois Rob qui attend et qui semble au moins aussi soulagé que moi. Bref, d’émouvantes retrouvailles. Finalement son appel en Angleterre n’a pas fonctionné…

Le lendemain on s’est juste promené tranquillement dans la vallée et le soir on a fait une visite de l’observatoire des étoiles du village avec un vieux monsieur complètement passionné et qui arrive bien a communiquer son ardeur céleste. Les ciels nocturnes sont vraiment extraordinaires ici, très limpides, et j’ai enfin compris l’expression de la voûte céleste. Hier nous sommes arrivé avec Juan Luis a Pisco Elqui, principale bourgade locale. On a visité la fabrique du pisco Mistral, connu mais industriel et vendu dans tout le pays. C’est sympa et ça fini avec avec une dégustation, ce qui est encore plus sympa. A midi Rob repart, il veut aller vers Iquique, au nord, et son bus part a 19h de la Serena. Je me demande ce qu’il va trouver la-bas avec le tremblement de terre… Moi je me mets dans un hostal, pour rencontrer des gens.

L’Hostal San Pedro est un endroit très sympa avec un propriétaire (Santiago) gentil et accueillant. Il parle français parce qu’il a vécu un peu en France, a vendre de l’artisanat de cuire a Avignon. L’après-midi avec Juan Luis on va voir une autre distillerie de pisco, beaucoup plus artisanale, la première du Chili, celle de Los Nichos. La visite est bien intéressante et la dégustation aussi. Finalement je rentre a Pisco Elqui et je rencontre un couple d’anglais (j’ai un peu l’impression de rencontrer que des anglais ici) très sympa qui se balade en Amérique Latine pour presque une année entière. On se fait un petit barbecue et on se bourre la gueule au vin et au pisco : une excellente soirée. Ils repartaient aujourd’hui vers le nord. Moi je suis aller me promener dans la montagne. Monter dans ses pentes arides pour mieux voir cette riante vallée. Marcher en montagne me fait du bien, ça dégourdi et ça détend et puis ça permet aussi de réfléchir et prendre du recul sur tout. J’avais bien besoin de cette montagne. Le seul petit point négatif, c’est que au Chili, tout est privé et se promener au bord de la rivière est impossible, se promener tranquillement en déambulant au gré du vent est impossible. C’est un peu triste toute cette propriété privée !

Voila pour ce début de voyage. L’inspiration est bof venue et j’ai la mauvaise impression d’être resté très descriptif mais l’élan littéraire n’est pas a la portée du premier manant venu ! Pour la suite, normalement je retrouve Vio bientôt (joie joie) a Antofagasta pour aller a San Pedro de Atacama ensuite. Ça, c’est si elle peut venir malgré les soucis liés aux tremblements de terre…

Et voila quelques photos ! (et en plus elles sont en ordre inverse de la chronologie des événements…)

 

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PS : Petit jeu pour le cybernaute oisif : peux-tu retrouver et remettre a leur place tous les accents graves que je n’ai pas pu mettre car je ne les trouvais pas sur le clavier ?

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