Et voilà, j’y suis arrivé. Je suis dans le hall de la gare des bus d’Antofagasta, grande ville minière du nord du Chili. On m’a dit beaucoup de mal de cette ville où la débauche et la violence sont monnaie courante. Les mines payent largement les travailleurs pour qu’ils puissent aller dépenser le fruit de leur dur labeur dans des casinos et autres centres de consommation frénétique détenus par les mêmes compagnies minières pour lesquelles ils travaillent… On parle pas assez souvent de l’auto-aliénation du travailleur.
Mais je ne suis pas venu a Antofagasta pour y rester même si c’est la ville natale de très bons amis qui ont migré a Santiago pour ne pas devoir aller à la mine. J’attend dans le hall pour la venue tant attendue de Vio. Elle a faillie ne pas pouvoir venir et ce n’est pas par manque de volonté mais plutôt un acharnement de malchance qui s’est abatu sur notre désir de réunion ! Au début il y a eut sa fac qui ne lui donnaient pas d’informations, ensuite il y a eu le temblement de terre et l’alerte au tsunami qui a durement frappé Iquique d’où elle devait prendre son avion de retour… Ensuite il y a eu un préavi de grève a Buenos Aires pour le jour de son retour… Bref tout s’est accumulé et je n’y croyais plus. Mais on s’était dit qu’on se retrouverait dans le grand hall, à côté des toilettes, dans la gare des bus d’Antofagasta. Et à midi et demie c’est sa silouhette bien connue que je vois traverser, d’un air déterminé, les portes de la gare des bus. Joie ! C’est la première fois qu’on se voit hors d’Europe !
Retrouvailles étincellantes et chaleureuse ! Mais courtes et on saute dans un bus direction San Pedro de Atacama où nous arrivons en fin d’après-midi. C’est au milieu du désert d’Atacama (comme son nom l’indique), une oasis peuplée depuis moult et depuis haut lieu du tourisme. Le village lu-même à un petit côté “disneyland tourism”, comme un village du far-west des Westerns mais tout bien peint, avec de belles enseignes en bois pyrogravées. Nombreux ont des chapeaux, il y a beaucoup de jeeps, parfois des chevaux et tous les soirs des chiliens qui amusent les touristes en jouant des airs “indigènes”. C’est assez bizarre au début mais après quelques jours, on s’habitue ! Les restaurants par contre sont bons, surtout un où on est allé un sacré paquet de fois. Ca change d’avoir de la bonne nourriture !!
La tradition locale veut que le touriste fortuné s’offre des “Tours” organisés par des agences pour découvrir les beautés préservées qu’offre l’Atacama au voyageur incrédule. Etant des touristes, anthropologues (ou presque) de surcroît, nous avons décidés de nous conformer aux exigences locales. Cependant, Ron m’avait passer le contact d’un ami à lui, Juan Pablo, qui “organise des tours, vend des vêtements et est un dj psytrance”. Un contact en hors. Il nous a emmené voir les lacs de sels où l’on flotte, des trous d’eau dans le désert ainsi qu’une énorme saline toute blanche. Des lieux incroyables, dignes d’une autre planète et forçant l’admiration face à la puissance de la nature qui a créé cela. Le tour entier s’est fait au son de minimale andine et psytrance du crûs. Flotter ainsi dans une lagune de 18m de profondeur, d’un bleu tout aussi profond, les volcans légèrement soupoudrés de neige au fond, c’est assez exceptionnel. Après le sel, il fallait bien sûr se rincer dans des trous d’eau douce, à quelques kilomètres de là. Les Ojos del Salar sont, d’après Juan Pablo encore plus profond que les lagunes. C’est la nappe phréatique qui remonte (“non c’est la typographie qui descend au niveau de la nappe” dit Phiémon…) à certains endroits et forme ces points d’eau au milieu du désert. Nous allons ensuite sur un Salar, tout blanc, où l’eau bleu laisse appercevoir des cristaux violets et rouges et blancs. C’est tout plat, c’est tout blanc. On peut faire des photos rigolottes graces à la magie de la perspective. Le soleil brûle, le blanc ébloui. Une expérience !
En fin d’après-midi, apr`s la sieste, on rejoint Juan Pablo pour aller a la bien-nommée Valle de la Luna. On sort de la terre, direction la lune ou bien mars mais en tous cas on n’est plus sûr de là où on est. C’est la cordillière du sel, des montagnes très salées et, donc, très sèches. Un décors de formations rocheuses pleines de trous, façonnées par la pluie et le vent. Des dunes, des plats, des pentes abruptes. Le tout dans une lumière de fin du monde avec un orage qui se prépare. On regarde le couché du soleil du haut d’une dune en mâchant de la coca. Juan Pablo m’explique comment on fait parce que le lendemain on monte a 4300m au-delà de ma limite de résistance népalaise. Il faut prendre une dizaine de feuilles et les enrouler autour d’un “activateur”, un bout de résine d’arbre fruitier séché que l’on peut trouver soit sucré soit salé. On place ensuite la boule ainsi faite entre la joue et la mâchoire et on “rumine”. Ca anasthésie un peu la bouche mais c’est bon. On a aussi acheté des bonbons a la coca pour le lendemain.
Le lendemain, donc, on a une nouvelle expérience : le vrai tour organisé pour touriste. Le petit troupeau qu’on emmene par-ci par-là avec un gentil organisateur polyglotte qui nous explique tout et nous stresse pour qu’on écoute et qu’on traîne pas trop, il faut aller vite ! On suti et on écoute, on admire quand il le faut et on rigole quand il y a des blagues. On a de la chance parce que dans ce genre de trucs ça peut vite toucher des sommet de beaufitude… Mais on voit des trucs sympas : des lacs d’altitudes, des suris – sortes d’autruches ou de ñandus tout gris et tout rigolos, des vicuñas, des llamas, et des ânes sauvages ! On va aussi dans un autre salar (laguna chaxa) qui est un haut lieu de nidification de trois types de flamants (chilien, andin et de James). On reviens de ce tour encore plus fatigué que jamais mais on a vaincu á la fois les 4000m mais aussi le troupeau touristique du tour organisé.
Les jours suivant, c’est repos, premenades, on profite de la vie et de se voir, entre vieux amis c’est toujours sympathique ! On monte jusqu’à un vieu fort indiens du sommet duquel on peut admirer la cordillière du sel ainsi que la vallée de la mort et le désert et le village de San Pedro.
On repart le mercredi soir. On prend un bus jusqu’à Iquique puisque l’avion de Vio repart de là’bas et moi je compte aller a Arica à la mer puis aller ensuite a La Paz : maintenant que j’ai vaincu les 4000m, plus rien ne me retient !
A Calama on rencontre Norberd, un vieil Allemand qui fait les décorations de l’opéra de Hambourg et qui passe sont temps à voyager et à peindre des aquarelles très belles. Il parle presque pas español et très peu l’anglais… Et mon allemand est inexistant. Mais on arrive à discuter et on boit beaucoup de pisco que j’avais acheté dans la vallée d’Elqui. Le bus part à 23h et je dors très facilement ! Mais à 4h, on est réveillé : le terminal des bus est sous les eaux, il n’y a pas de bus pour Arica mais pour la Bolivie il peut me déposé là, avant Iquique et je trouverai des bus… Pour Vio, le chauffeur dit qu’il l’emmènera jusqu’à l’aéroport. Nos adieux sont rapides, le bus n’attend pas.
Et je me retrouve dans le froid à chercher un bus pour La Paz directement… On me dit qu’il n’y en a pas mais qu’un bus va a Oruro et part à 7h30. J’achète le billet et passe un bus qui va à Arica. Le temps que j’essaye de me faire rembourser mon bus puor Oruro et il est reparti, ce sera Oruro… On part, en 4h on passe du niveau de la mer a l’Altiplano a environ 4000m. La frontière est une formalité. Côté bolivien, il ya pleins de troupeaux de llamas et des orages dans le fond du paysages. La route devient une piste de terre battue… Après pas mal d’heure on arrive à Oruro où je m’étais dit que je pourrais faire une pause d’une nuit. Mais Oruro, ça ressemble un peu beaucoup à ces villes routières du Népal : des maisons en briques moches avec beaucoup d’ateliers mécaniques… Ca me tente pas trop alors je reprends un autre bus pour aller à La Paz… Le bus part et il crève un pneu… Finalement un autre bus arrive et on pars enfin… Le bus est surchargé et il change du confort des bus chiliens… Il fait moche, il y a pleins d’orages avec des éclairs très beaux ! Mais je suis épuisé et je commence à avoir mal à la tête : faituge, gueule de bois, altitude… J’arrive à La Paz et je me jette dans un hôtel confortable… J’ai plus qu’à découvrir La Paz et essayer de retrouver les copains qui s’y trouve peut-être ou bien qui s’y trouveront !
Voilà quelques photos de tout ça… Malheureusement il y avait une poussière sur le capteur de l’appareil et je ne l’ai enlevé (bon, Vio ne l’a enlevé) qu’hier alors il y a une tâche sur la plupart des photos !! Par contre je suis désolé mais je n’arrive pas à redresser les photos, si quelqu’un a une idée de comment faire, n’hésitez surtout pas !!!