Quito – Cuenca : reprendre des habitudes de voyage

Retour à Quito et je me rue sur l’ordinateur pour écrire mon premier blog du voyage. Au début du voyage, quand on n’est pas encore bien habitué, chaque changement amène son lot d’incertitudes et de remises en cause : que fais-je ? Pourquoi ? Jusqu’à quand ? Et puis on s’habitue à l’endroit, on s’y fait, on sort et on se balade et ça fait du bien. On nourrie cette curiosité qui, même si elle dort, est toujours là, toujours insatiable. Bref, me voici donc à Quito, pour quelques jours. Je ne sais pas trop à quoi m’attendre, tout ce que je sais c’est que j’ai “des trucs à faire” : aller à l’ambassade faire une procuration, aller au ministère de la migration demander comment on fait quand on veut avoir un visa plus long et, peut-être aller voir des profs d’une université ou une autre pour poser des questions sur l’Equateur. Aussi, j’ai envie de me reposer : après la course des derniers mois à Montréal, qui a culminée avec mon départ pour ce pays, j’ai envie de me mettre bien, de pas faire grand chose. Bref je me balade, je dors, je vais voir des institutions diverses et je rencontre les gens qui me logent. Des gens très très accueillants : ils ne me connaissent pas, ni de près ni de loin et acceptent que je loge chez eux avec une amie qu’ils connaissent encore moins.

Quito est une grande ville, bien plus longue que large, assez haute en altitude (2800m), pas mal polluée et tout le monde me la décris comme étant une ville pleine de délinquence, des vols à la tire ou à mains armées en pleine rue. Ca, ça a tendance à me mettre dans un état légèrement paranoïaque que j’aime pas trop. Mais ça ne m’empêche pas de me balader, le plus possible à pieds.

Le centre historique est, paraît-il, l’un des centres coloniaux les mieux préservés d’Amérique Latine, patrimoine mondiale de l’UNESCO Mesdames et Messieurs ! C’est un bon symbole de comment les européens ont conquis et colonisés, profondéments, ce pays : à grand coups de cathédrales et d’églises. Celle de la Compagnie de Jésus vaut le coup, son intérieur est complètement recouvert d’or, c’est très beau, on se croirait en Inde. Cela dit le quartier est beau et sent la montagne (à travers les gaz d’échapement). Sur le chemin pour y aller, depuis là où je loge, il faut traversé une partie de la ville moderne touristique (Floch) où y a plein de bars, de boîtes de nuits, de chocolats (oué, c’est comme des café mais pour boire du chocolat, bon y a que moi qui appelle ça comme ça, mais c’est cool comme concept), des hostals etc…

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Bref, c’est une ville qui a quand même l’air cool quand tu prends le temps de la regarder, de la visiter, de la vivre un peu aussi. Y a même des micro-brasseries (ça c’est vraiment cool, même si elles sont chères). Kostia, l’un de mes logeurs, m’emmène aussi visiter la maison de Guayasamin. Alors d’habitude je suis pas très musées et tout, mais là c’est vraiment chouette. Perchée tout en haut d’une colline (Bella Vista), sa maison pleine de recoins avec une piscine et une “chapelle de l’humanité” a une superbe vue sur le Pichincha et la ville qui s’étend à ses pieds. C’est une très bel endroit avec en plus une recherche architecturale intéressante, alors forcément je pense à Jean-François… C’était un sacré bonhomme ce Guayasamin : un socialo-communiste qui peint des peinture que j’ai beaucoup aimé, qui écrit des bouts de poésie enflammées, qui collectionnait des objets pré-coloniaux et de l’art colonial, très engagés, ami de tous les gauchistes (plus ou moins autoritaires) du monde, de Castro à Mao en passant par Allende et Chavez. Une très belle découverte. Le même jour, je vais à une projection que Jaye organise : ce sont des courts métrages qui cherchent à rendre plus audible la voix des peuples autochtones (Premières Nations), à rendre visible leurs luttes contre la déforestation et les grandes entreprises extractivistes. C’est vraiment bien, mais ça a tendance à rendre un peu énervé contre ces bâtards de capitalistes de merde (comme on dit courramment par chez nous) et leurs valets gouvernementaux. Mais ça vaut la peine de les diffuser (allez voir sur leur site ici).

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“Si no tenemos la fuerza de estrechar nuestras manos con las manos de todos, si no tenemos la ternura de tomar en nuestros brazos a los niños del mundo, si no tenemos la voluntad de limpiar la tierra de todos los ejércitos; este paqueño planeta será un cuerpo seco y oscuro” Guayasaminguayasamin1

 

Le vendredi, on se sépare : Jaye repars au Pérou, pour ensuite partir au Mexique pour son travail, les amis de la maison restent chez eux et moi je prends un bus de nuit pour aller à Cuenca. Cuenca, c’est une petite ville coloniale du sud de la sierra. C’est aussi un morceau du patrimoine mondial de l’humanité. J’arrive à 6h30, le matin, bien éclaté. Je vais directement à l’hostal que j’avais réservé sur les conseils d’Audrey (une de mes logeuse de Quito). Très joli, une cour intérieure couverte qui fait bar et des chambres sur les coursives en haut, tout en bois et en pierre, dans la vieille ville. Je me recouche un peu mais, ne trouvant pas le sommeil je sors me balader dans la ville. Les rues sont propres et les murs de couleurs clairs, les bâtiments sont bas et ressemble à ce qu’on imagine des villes coloniales hispaniques. Une église par rue, au cas où une envie soudaine de s’en remettre à Dieu ne nous prenne (on n’est jamais trop prudent !). Au début on a l’impression que ce n’est que ça la ville. Mais en fait, en se perdant, on peut descendre le long de la rivière et, derrière celle-ci (dont les berges sont d’ailleurs magnifiquement aménagées) s’étend la ville moderne, bien plus grande que ce que je pensais au début.

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Je passe quelques jours ici. Je deviens ami de voyage avec mes camarades de dortoir : deux français qui se baladent par ici. On boit des bières ensembles et ils arrivent à me traîner dans un club. J’y reste une petite demie-heure au milieu de hordes de jeunes, à peine post pubère, qui font du perreo sur de la musique de merde dans des pièces très étroites. Bref ça m’enchante pas trop et je rentre me coucher. Le lendemain je prends un bus pour aller visiter Chalaceo et Chordeleg : des villages (petite ville pour Chalaceo) où de nombreuses ethnies font et vendent leur artisanat. Alors Chalaceo, à part le bord de l’eau qui est magnifique, est une ville pas mal moche, blindée de gens, qui ressemble à ces villes aux croisements des grandes routes au Népal (pour ceux qui voient de quoi je parle). Chordeleg, c’est un petit village avec cette caractéristique d’avoir autant de bijouteries que d’habitants, c’est surprenant.  Le lendemain je me promène toute la journée dans la ville de Cuenca, je vais avec Lukas (un jeune français rencontré ici) jusqu’à un mirador (Turi) qui offre une vue imprenable sur la ville. En chemin je croise par hasard Amrta, un ami DJ péruvien rencontré en Bolivie à un festival de psytrance il y a trois ans. Le soir on se retrouve pour manger ensemble et rattraper le temps perdu. C’est rigolo les voyages quand même.

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Aujourd’hui, enfin, (faut que je trouve une manière moins chronologique et plus rigolotte de raconter mes histoires sinon vous allez vous emmerdez à la longue) on est allé avec Lukas et une Péruvienne et un Brésilien (rencontrés dans notre dortoir) au Parc National Cajas. C’est magnifique, assez haut (4000m) et pas loin de Cuenca. On commence tous ensemble puis finalement, ayant marre de traîner la patte et les autres étant sur le point de faire demi-tour, on file avec Lukas pour finir la ballade. Des paysages d’une grande beauté, avec pleins de lacs qui se croisent et se chevauchent (si c’est possible). L’air manque d’oxygène mais est pur, on traverse des bois d’arbres torturés, rouges, rabougris et très beaux. On se baigne pas, mais j’ai hésité. Une très belle rando. Par contre, comme d’hab (diront Agathe et Vio), on oublie d’emmener à manger. Heureusement c’est pas la rando du siècle non plus. Finalement on rentre, on se fait ramener en stop par une famille de Cuenca super sympa qui revient de Guayaquil. Demain je pars pour Vilcabamba, essayer de rencontrer la communauté avec laquelle je veux travailler.

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(Finalement, le temps de charger les photos sur l’Internet et je suis déjà à Vilcabamba mais je vous raconterai tout ça plus tard…)

 

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