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Vilcabamba, vallée de vieux

Le petit bus qui va de Cuenca à Vilcabamba est rempli de blancs, à part le chauffeur bien sûr. Ca parle anglais avec un fort accent américain. Il y a surtout des dames d’un certain âge, un peu cucul comme des clichés d’Américaines qui s’extasient des choses simples et sont terriblement condescendantes. Il y a comme un relent de colonie par ici : des gentils petits vieux, un peu bohêmes avec des vêtements de couleur, qui achètent des terrains pour bâtir leur ptit paradis de retraités. “Mais quand même, ces Equatoriens, ils sont fous avec tous ces incendies”, “Et puis cette criminalité…” “Mais on est bien accueillis quand même non ?” C’est très particulier, comme ambiance… Les gens dans la vallée font du yoga, mangent bio, aiment voir des jeunes avec des cheveux longs faire de la musique. Mais ils font aussi grimper tous les prix, pensent connaître tout du monde et ne se mélange pas trop non plus avec ces fameux “locaux”. Un paradis hippie sous perfusion coloniale. C’est joli, il fait chaud et y a des bananiers.

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Pendant mon séjour à Vilcabamba, pour l’instant, j’ai plus parlé anglais et français qu’espagnol. Ca me manque de parler espagnol, de rencontrer des gens “normaux”, qui ne pensent pas qu’en termes de nutritions, d’apports de protéines, de santé du corps. J’suis pas venu en Equateur pour me retrouver à San Francisco (bon, c’est de la mauvaise foi parce que je suis jamais allé à San Francisco alors ça se trouve c’est pas comme ça pantoute). Par contre c’est super beau, il fait beau et chaud et je suis un vrai garde-manger pour moustique.

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Mais à l’hostal je rencontre quand même des gens sympas : un Uruguayen qui voyage à travers l’Amérique Latine dans tous les sens et fait du volontariat dans les hostal pour pas que ça lui coûte trop cher ; une française qui bosse en intérime et voyage quand elle peut, le tenancier de l’hôtel suiso-italianno-équatorien, une Colombienne rencontrée à Cuenca… Bref il y a une bonne ambiance et on rigole pas mal entre plusieurs bières. Je vais les matins à la communauté faire du volontariat et l’aprem je retourne à l’hostal me poser ou me promener. Une heure aller, une heure retour.

Le weekend, il n’y a pas de volontariat alors je pars me balader avec Isabelle dans les montagnes. En fond de vallée, il fait plutôt sec (surtout qu’il pleut pas alors que c’est censé être la saison des pluies) mais en haut dans les montagnes il fait bien plus humide et la végétation ressemble à une forêt tropicale. On se fait un petit tour un peu pentu : tu pars de 2700m, tu monte tout droit pendant une heure et demie jusqu’en haute de la montagne à 3400m puis tu descend le long de la crête super étroite jusqu’à ce que tu entre à nouveau dans la forêt. En 3h et quelque tu as pu voir tous les étages montagneux locaux, comment ils se déclinent entre la chaleur du bas et le vent bien frais du haut. Si tu as eu de la chance (je n’en ai pas eu), tu auras été attaqué par un ours et un puma, entourés d’oiseaux multicolors qui piallent à s’en rompre les cordes vocales.

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La communauté. Il y a un propriétaire général, un Américain d’un bel âge mûr et des familles d’un peu partout en Amérique du Sud (Equateur, Pérou, Argentine, Colombie, Bolivie…) qui habitent sur le terrain. Les volontaires effectuent des tâches variées, allant du désherbage et plantage à, paraît-il, de l’éco-construction. On travaille que le matin, jusqu’à l’heure du repas communautaire végétarien. L’après-midi on peut se baigner, s’amuser, jouer de la musique, travailler, écrire, lire etc. Il y a plein d’enfants qui jouent dans tous les sens et qui vont, trois fois par semaine, à une “école alternative” où ils sont encadrés et font un peu ce qu’ils veulent je crois (faudra que j’explore un peu plus cette école et la philosophie éducative qui la sous-tend). Les gens sont quand même sympa ici, les volontaires sont rigolos mais, encore une fois, pour l’instant, je parle plus anglais qu’espagnol… Je ne pense pas que j’y resterai tout le temps, je vais m’y installer deux semaines ou un peu plus puis j’taperai la route je pense. Je dois repenser ma méthodologie. Aujourd’hui, c’est mardi et c’est le jour où je m’installe à la communauté.

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PS : Dans le titre j’ai mis “Vallée de vieux” parce que Vilcabamba est réputée pour être une vallée de gens centénaires et, ce, depuis bien longtemps ! D’où peut-être l’affluence de tous ces gens…

Quito – Cuenca : reprendre des habitudes de voyage

Retour à Quito et je me rue sur l’ordinateur pour écrire mon premier blog du voyage. Au début du voyage, quand on n’est pas encore bien habitué, chaque changement amène son lot d’incertitudes et de remises en cause : que fais-je ? Pourquoi ? Jusqu’à quand ? Et puis on s’habitue à l’endroit, on s’y fait, on sort et on se balade et ça fait du bien. On nourrie cette curiosité qui, même si elle dort, est toujours là, toujours insatiable. Bref, me voici donc à Quito, pour quelques jours. Je ne sais pas trop à quoi m’attendre, tout ce que je sais c’est que j’ai “des trucs à faire” : aller à l’ambassade faire une procuration, aller au ministère de la migration demander comment on fait quand on veut avoir un visa plus long et, peut-être aller voir des profs d’une université ou une autre pour poser des questions sur l’Equateur. Aussi, j’ai envie de me reposer : après la course des derniers mois à Montréal, qui a culminée avec mon départ pour ce pays, j’ai envie de me mettre bien, de pas faire grand chose. Bref je me balade, je dors, je vais voir des institutions diverses et je rencontre les gens qui me logent. Des gens très très accueillants : ils ne me connaissent pas, ni de près ni de loin et acceptent que je loge chez eux avec une amie qu’ils connaissent encore moins.

Quito est une grande ville, bien plus longue que large, assez haute en altitude (2800m), pas mal polluée et tout le monde me la décris comme étant une ville pleine de délinquence, des vols à la tire ou à mains armées en pleine rue. Ca, ça a tendance à me mettre dans un état légèrement paranoïaque que j’aime pas trop. Mais ça ne m’empêche pas de me balader, le plus possible à pieds.

Le centre historique est, paraît-il, l’un des centres coloniaux les mieux préservés d’Amérique Latine, patrimoine mondiale de l’UNESCO Mesdames et Messieurs ! C’est un bon symbole de comment les européens ont conquis et colonisés, profondéments, ce pays : à grand coups de cathédrales et d’églises. Celle de la Compagnie de Jésus vaut le coup, son intérieur est complètement recouvert d’or, c’est très beau, on se croirait en Inde. Cela dit le quartier est beau et sent la montagne (à travers les gaz d’échapement). Sur le chemin pour y aller, depuis là où je loge, il faut traversé une partie de la ville moderne touristique (Floch) où y a plein de bars, de boîtes de nuits, de chocolats (oué, c’est comme des café mais pour boire du chocolat, bon y a que moi qui appelle ça comme ça, mais c’est cool comme concept), des hostals etc…

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Bref, c’est une ville qui a quand même l’air cool quand tu prends le temps de la regarder, de la visiter, de la vivre un peu aussi. Y a même des micro-brasseries (ça c’est vraiment cool, même si elles sont chères). Kostia, l’un de mes logeurs, m’emmène aussi visiter la maison de Guayasamin. Alors d’habitude je suis pas très musées et tout, mais là c’est vraiment chouette. Perchée tout en haut d’une colline (Bella Vista), sa maison pleine de recoins avec une piscine et une “chapelle de l’humanité” a une superbe vue sur le Pichincha et la ville qui s’étend à ses pieds. C’est une très bel endroit avec en plus une recherche architecturale intéressante, alors forcément je pense à Jean-François… C’était un sacré bonhomme ce Guayasamin : un socialo-communiste qui peint des peinture que j’ai beaucoup aimé, qui écrit des bouts de poésie enflammées, qui collectionnait des objets pré-coloniaux et de l’art colonial, très engagés, ami de tous les gauchistes (plus ou moins autoritaires) du monde, de Castro à Mao en passant par Allende et Chavez. Une très belle découverte. Le même jour, je vais à une projection que Jaye organise : ce sont des courts métrages qui cherchent à rendre plus audible la voix des peuples autochtones (Premières Nations), à rendre visible leurs luttes contre la déforestation et les grandes entreprises extractivistes. C’est vraiment bien, mais ça a tendance à rendre un peu énervé contre ces bâtards de capitalistes de merde (comme on dit courramment par chez nous) et leurs valets gouvernementaux. Mais ça vaut la peine de les diffuser (allez voir sur leur site ici).

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“Si no tenemos la fuerza de estrechar nuestras manos con las manos de todos, si no tenemos la ternura de tomar en nuestros brazos a los niños del mundo, si no tenemos la voluntad de limpiar la tierra de todos los ejércitos; este paqueño planeta será un cuerpo seco y oscuro” Guayasaminguayasamin1

 

Le vendredi, on se sépare : Jaye repars au Pérou, pour ensuite partir au Mexique pour son travail, les amis de la maison restent chez eux et moi je prends un bus de nuit pour aller à Cuenca. Cuenca, c’est une petite ville coloniale du sud de la sierra. C’est aussi un morceau du patrimoine mondial de l’humanité. J’arrive à 6h30, le matin, bien éclaté. Je vais directement à l’hostal que j’avais réservé sur les conseils d’Audrey (une de mes logeuse de Quito). Très joli, une cour intérieure couverte qui fait bar et des chambres sur les coursives en haut, tout en bois et en pierre, dans la vieille ville. Je me recouche un peu mais, ne trouvant pas le sommeil je sors me balader dans la ville. Les rues sont propres et les murs de couleurs clairs, les bâtiments sont bas et ressemble à ce qu’on imagine des villes coloniales hispaniques. Une église par rue, au cas où une envie soudaine de s’en remettre à Dieu ne nous prenne (on n’est jamais trop prudent !). Au début on a l’impression que ce n’est que ça la ville. Mais en fait, en se perdant, on peut descendre le long de la rivière et, derrière celle-ci (dont les berges sont d’ailleurs magnifiquement aménagées) s’étend la ville moderne, bien plus grande que ce que je pensais au début.

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Je passe quelques jours ici. Je deviens ami de voyage avec mes camarades de dortoir : deux français qui se baladent par ici. On boit des bières ensembles et ils arrivent à me traîner dans un club. J’y reste une petite demie-heure au milieu de hordes de jeunes, à peine post pubère, qui font du perreo sur de la musique de merde dans des pièces très étroites. Bref ça m’enchante pas trop et je rentre me coucher. Le lendemain je prends un bus pour aller visiter Chalaceo et Chordeleg : des villages (petite ville pour Chalaceo) où de nombreuses ethnies font et vendent leur artisanat. Alors Chalaceo, à part le bord de l’eau qui est magnifique, est une ville pas mal moche, blindée de gens, qui ressemble à ces villes aux croisements des grandes routes au Népal (pour ceux qui voient de quoi je parle). Chordeleg, c’est un petit village avec cette caractéristique d’avoir autant de bijouteries que d’habitants, c’est surprenant.  Le lendemain je me promène toute la journée dans la ville de Cuenca, je vais avec Lukas (un jeune français rencontré ici) jusqu’à un mirador (Turi) qui offre une vue imprenable sur la ville. En chemin je croise par hasard Amrta, un ami DJ péruvien rencontré en Bolivie à un festival de psytrance il y a trois ans. Le soir on se retrouve pour manger ensemble et rattraper le temps perdu. C’est rigolo les voyages quand même.

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Aujourd’hui, enfin, (faut que je trouve une manière moins chronologique et plus rigolotte de raconter mes histoires sinon vous allez vous emmerdez à la longue) on est allé avec Lukas et une Péruvienne et un Brésilien (rencontrés dans notre dortoir) au Parc National Cajas. C’est magnifique, assez haut (4000m) et pas loin de Cuenca. On commence tous ensemble puis finalement, ayant marre de traîner la patte et les autres étant sur le point de faire demi-tour, on file avec Lukas pour finir la ballade. Des paysages d’une grande beauté, avec pleins de lacs qui se croisent et se chevauchent (si c’est possible). L’air manque d’oxygène mais est pur, on traverse des bois d’arbres torturés, rouges, rabougris et très beaux. On se baigne pas, mais j’ai hésité. Une très belle rando. Par contre, comme d’hab (diront Agathe et Vio), on oublie d’emmener à manger. Heureusement c’est pas la rando du siècle non plus. Finalement on rentre, on se fait ramener en stop par une famille de Cuenca super sympa qui revient de Guayaquil. Demain je pars pour Vilcabamba, essayer de rencontrer la communauté avec laquelle je veux travailler.

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(Finalement, le temps de charger les photos sur l’Internet et je suis déjà à Vilcabamba mais je vous raconterai tout ça plus tard…)

 

Arrivée en Equateur

Eh bien, ce fut rapide ! Ca faisait longtemps que j’en parlais, que je fantasmais plus ou moins dessus. Eh oui, partir, quitter la zone de confort de Montréal avec tous ses ami-e-s, les habitudes qui commencent à être pas mal ancrées et une foules d’activités intéressantes à faire, pour aller partir à l’aventure, fuir l’hiver, vivre la vie de voyages et de joies sous couvert d’un terrain de recherche.

Bref j’en parlais pas mal quand même mais je me rendais pas compte que j’allais vraiment partir et puis paf ! Un mardi mon billet est pris, de New York, le lendemain un billet de bus pour la même ville et une semaine plus tard j’arrive chez mon cousin à Manhattan. C’est pas encore le voyage, c’est surtout des retrouvailles avec Julien et Emilie et leurs ptites (que je rencontre pour la première fois) et Mylène qui me fait une jolie surprise en se pointant à l’improviste. Ca dure une soirée et le lendemain, je décolle pour l’Equateur. Première surprise : en fait, ils ont changé la loi et je peux plus juste sortir d’Equateur et re-rentrer pour avoir 3 mois de plus, finalement ça prends des sous. Bon, on verra plus tard, d’abord atterrir, arriver à destination. On passe par Panama et j’arrive à Quito. De là je vais chez une amie d’une amie que je ne connais pas et qui n’est pas chez elle mais ses colocs y sont et m’accueillent avec beaucoup de gentillesse et d’hospitalité. J’y reste une nuit, j’ai toujours rien compris à Quito, mais je repars dès le lendemain, direction Latacunga pour retrouver Jaye et partir avec elle vers le Lago Quilatoa.

Je suis toujours complètement désorienté, je trouve le terminal de bus, j’embarque sans trop réfléchir dans le premier bus pour Latacunga. Le bus prend la fameuse “autoroute des volcans” : un paysage de vallée très verte entourée de hautes colines/montagnes et volcans très largement cultivés. Y a pas beaucoup d’arbres.

Finalement j’arrive à 14h30 à Latacunga où j’ai rendez-vous avec Jaye vers 16h (c’est très hypothétique comme rendez-vous comme elle arrive de Cuenca, il peut se passer beaucoup de choses sur la route et on n’a aucun moyen de se contacter). Je squatte dans le terminal de bus comme je sais pas trop quand elle va arriver, je fini mon premier livre puis je commence un deuxième. Elle arrive finalement vers 18h et quelque. On doit aller jusqu’à Chugchilan où on a réservé un hostal pour deux nuit. Il fait déjà nuit et y a plus de bus pour Chugchilan. On réussi alors à négocier un taxi et on est parti pour 2h de route dans la montagne. On arrive finalement à l’hostal, je suis épuisé, j’ai l’impression d’avoir fait 5 jours de voyage.

Le lendemain on est plein d’ambition : on va monter en bus au lac Quilotoa pour ensuite redescendre à pied jusqu’à Chugchilan. Le patron de l’hostal nous dit que le chemin normal à suivre est très dangereux et s’effondre tout le temps et qu’on ferait mieux de trouver un guide. On se dit qu’on verra sur place. On monte donc au lac. C’est en fait un craterre d’un volcan, très rond, avec un lac, très profond, au fond de celui-ci. C’est très joli : au milieun de collines et des montagnes, assez sèches et sans arbres, un trou d’eau bleu-vert, parfois turquoise, parfois plus vert. On décide de descendre la pente jusqu’à l’eau pour pouvoir y tremper les pieds. La descente est particulièrement pentue et quand même longue. Une fois en bas on se prélasse au bord de l’eau en discutant. On prend quelques photos puis on décide de remonter. Mais là, la remontée c’est autre chose. La pente est particulièrement abrupte et longue (400m de dénivelé en fait)  et, facteur qu’on n’avait pas pris en compte, on est presque à 4000m d’altitude et pas du tout habitués. Bref on remonte très doucement avec plein de pause “pour regarder la belle vue quand même”. On arrive en haut affamés et pas mal cuits (autant par la fatigue que par le soleil, on avait oublié la crême solaire). On mange dans un petit restaurant et on se dit qu’il est trop tard et qu’on est trop fatigué pour rentrer à pied (quand même 22km). Donc on se trouve un pick up qui y va et on reviens à l’auberge pour lézarder, jouer aux cartes et boire du thé.

Le lendemain, c’est déjà fini, on doit revenir à Quito où Jaye a des rendez-vous. Ce fut comme une petite paranthèse, une escapade dans les montagnes couplée avec les retrouvailles avec Jaye. J’ai pas très envie de retourner à Quito qui a l’air d’être une énorme ville et que je connais pas encore. En même temps, ça va être l’occasion de découvrir la ville !

 

 

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Isla del Sol, soupe et truites

C’est un petit bateau, nous sommes une dizaine sur son toit. Les militaires postés à la sortie du port de Copacabana nous hèlent de leur promontoire parce que nous ne portons pas de gilets de sauvetage. Mais on fait semblant de ne pas comprendre et puis de toutes façons le pilote n’en a cure ! Le moteur sent la tondeuse à gazon et nous avançons tout doucement. Il fait très beau et l’eau du lac Titicaca reflète ardemment les rayons du soleil. Une brise froide souffle. Tout le monde est emmitouflé. Très rapidement tout le monde commence à parler. Enfin sauf mes compagnons de voyage qui se blottissent contre le froid et pour resserrer les liens humains qui les unissent. En fait, les Français sur le toit ne parlent pas beaucoup. Mais il y a un groupe d’Argentines et d’Urugayos qui ont bien la forme et se mettent à discuter de voyage, de vie et d’Amérique Latine. Très vite un Equatorien et un Colombien se joignent à la discussion, puis c’est le tour d’un couple de chilien. C’est un toit de bateau cosmopolite. Le voyage, qui ne doit durer que deux petites heures, en prends trois grosses mais il passe très rapidement en si bonne compagnie. Puis c’est l’arriver au port nord de la Isla del Sol, Challapampa.

On était partit le jour d’avant de La Paz. Sous un orage de grêle, de pluie, de vent. Les nuages noirs entassés sur la ville. Et puis le bus monte et monte pour rejoindre l’Altiplano, et le ciel se dégage et viennent les arc-en-ciel qui gracient la ville d’une élégance naturelle. L’Altiplano est plat. Il est herbeux avec des vaches et des llamas. Au fond du regard se dressent des montagnes et des volcans coiffés de neige. C’est un paysage qui donne envie de prendre un cheval (ou une moto) et de partir ainsi, traverser les étendues avec comme point de repère l’une des montagnes. Un drôle de sentiment. Et je n’y ai pas succombé. J’ai suivi la marche du bus et je suis arrivé avec mes compagnons de voyage à Copacabana. Tout au bout de la rue qui débouche sur le lac, sur la gauche, il faut marcher une grosse demie heure et on arrive au Sol y Luna, un camping avec des chambres, tout petit, tout végétarien. Mais nous, on a pris un taxis, on était cinq et paresseux. Sous la tente on a essuyé un bel orage. Et le matin c’était le départ pour la Isla del Sol.

Où nous sommes arrivés, donc, après un charmant voyage en bateau sur ce lac qui ressemble à une mer avec des vagues, de la houle et un horizon à perte de vue où le pauvre montagnard oublie sa condition et perd ses repères. Nous avons atterris dans un refuge, celui de Don Alfonso et de ses deux frères. Ce sont trois familles qui se partagent cet endroit particulier, perché au-dessus du lac. La vue est magnifique et les chambres rustiques et agréables. L’immense avantage de ce lieu est que nos voisins de chambre sont des gens formidables. Juan est Colombien est habite parfois en argentine, il voyage avec son vieux copain Jesus et son jeune copain Huayra. Ce sont des gens fondamentalement gentils, calmes et attentifs. Ils sont intéressants et intéressés. Juan a énormément voyagé dans sa jeunesse et il continue. Ils ont monter des lieux de vie en Colombie et un nouveau en Argentine. Ils y font de la permaculture et plantent des arbres. C’est en partie à cause d’eux que je suis resté plus d’une semaine sur cette île.

Enfin du repos. Le voyage, ce ne sont pas des vacances. Il faut visiter des choses, se lever tôt, trouver un logement, manger… La dure vie du voyageur. A la Isla del Sol, il fallait juste vivre et profiter du soleil, du lac, de la beauté du lieu et des amis extraordinaires. Se promener dans la montagne, se baigner dans l’eau froide. Le premier jour Juan nous initie au merveilleux monde de petite taille. A l’aide d’une loupe, nous passons une après-midi à retourner en enfance en observant les herbes et les insectes qui peuplent les bas fond du haut de l’île. Tout à fait impressionnant mais on pourrait s’y perdre. On découvre ensuite les ruines d’un “temple du soleil” avec une “table cérémonielle”. Je suis perplexe face à tout cela. C’est très beau et “tout plein d’énergies” mais de là à parler d’un “temple du soleil”, ça fait un peu Tintin ou l’Amérique Latine Disney. C’est trop plastique et certainement raccourci. Mais c’est bien beau. Une table en pierre, entourée de sièges en pierre au centre d’une petite prairie donnant sur le lac avec des îles désertiques et inhabitées en face d’une baie à l’eau turquoise. Un village en ruine, aux portes étroites et très basses. Du gazon à faire pâlir les anglais. Une colline au sommet parsemé de cairns. des criques isolées. Des montagnes hautes et couvertes de neige au loin. Une sacrée île. Une île sacrée.

Et voilà les jours qui passent. Des balades. Deux baignades. Un après-midi pirate en buvant du rhum sur la place. Le tour de l’île à pied, seul avec du reggae pour se détendre. Le chemin suit la crête à l’aller. On surplombe le lac. La marche à 4000m, c’est plus lent mais les vues en valent la peine. Le chemin ressemble à une route antique, pavée avec de jolies bordures. Il va tout droit et serpente le long du relief. Bien sûr, nous sommes en Bolivie alors il faut payer un péage pour traverser l’île à pied. C’est pas cher, heureusement, mais ça casse l’ambiance. Le côté sud de l’île est encore plus touristique. C’est un village d’hôtels perchés sur une crête où l’on peut manger des pizzas, surfer sur Internet, manger de la viande et tout et tout. Mais je n’y reste pas et je repars vers le nord en suivant la côte. Le centre de l’île est là où habitent la majeurs partie des îlotiers. C’est un pays de cultures en terrasse, d’ânes, de cochons avec des plages de sable fin baignées dans une eau turquoise glacée. C’est très beau.

Un petit moment de paradis, de repos. De rencontre avec des gens formidables et d’autres moins. Beaucoup de rires et de conversations profondes. Explorer l’utopie concrète et les dangers dystopiques de l’idéologie. Le monde merveilleux du tout petit et l’immensité des paysages du Titicaca. Et puis c’est le retour à La Paz. Il fallait bien partir sinon on y restait. Et puis le temps passe et je dois aller à Buenos Aires. Le retour à La Paz est bizarre, on change de planète. On retrouve la pollution et la circulation, la concentration de gens et les montées qui coupent le souffle. Mais aussi des amis, anciens et nouveaux. Et puis j’y reste pas longtemps : quelques jours plus tard je décolle en direction de Buenos Aires, retrouver Vio et découvrir cette ville dont on m’a tant parlé !

Et voilà queques photos : en trifouillant avec l’appareil, Huayra a réussi à me le réparer.

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De La Paz à la jungle, changement de planète

De retour à La Paz après un petit voyage dans tous les sens du terme… Mais d’abord La Paz.

Alors c’est une ville. C’estimportant de le préciser. En plus c’est une grande ville.En montagne. Avec pleins de pente, de montées et de descentes. C’est haut. C’est bien pollué. Et puis c’est une cuvette. Et comme c’est en altitude, c’est fatiguant. Ca ressemble un peui à Katmandou en fait, avec une architecture au goût plus que douteux et beaucoup de briques. On y mange et on y loge pas tr`s cher. Il paraît qu’il y a des bars clandestins qui font des soirées bien chouettes mais je n’y suis pas encore allé.

Au début j’étais dans un hôtel oú le personnel était fort sympathique mais le lieu sans attraits aucun. J’ai donc changé et je suis allé dans un hostal rempli de français tout sympathiques. Il y avait aussi des argentines jolies et gentilles et un colombien joueur de Hang. Et puis j’ai retrouvé Titi et puis j’ai vu Bérénice et puis des amis de Yoris. Bref la vie s’est déroulée avec de chouettes rencontres. Mais sans trop d’excès parce que les 3800m on a beau ne plus avoir mal à la tête, on fatigue quand même !! La ville compte 33 miradors mais nous on est monté qu’à un seul, d’où on a une vu a 360 degrès sur toute la ville, c’est sympa.

Mais bon la ville, ça fatigue ! Et puis Titi m’avait parlé d’un festival sympathique vers Coroico. Coroico est un village dans une région dont on m’a maintes fois vanté les mérites et la verte beauté. Mais je m’attendais plus a du plat légèrment valloné et je suis tombé sur de la pente avec quelques replats. Ca ressemble, une fois encore, pas mal au Népal. Comme à la maison ! On arrive à Coroico avec Lolita en fin d’après-midi et on doit trouver un moyen de transport pour aller jusqu’à Santa Barbara à 13km de là. Les taxis demandent super cher, ils sont tous au courant du festival. Finalement on trouve un bus qui veut bien nous emmener. Un vieu monsieur rigole en nous disant “¿Van al disco? tugudum tugudum tugudum”… Apparemment c’est assez connu dans le coin !

La route est en terre est se casse la gueule dans les ravins mais le bus avance et finalement le chauffeur nous montre une tâche blanche dans la montagne et nous dit que c’est là-haut: Mais là-haut ça à l’air très très en pente. Je le sens un peu mal, le genre de festival bien roots où dormir ne fais pas partie du programme. Mais en fait il ya des replats cachés. C’est un site assez sublime, avec des arbres, une vue magnifiques, des recoins, une belle cascade perdue dans la jungle… On est accueillis par Titi et Waldo à la porte puis on monte tout en haut pour poser notre tente sur une terrasse pleine de trous et en pente. La musique n’a pas commencée. La déco est flashy, il ya plusieurs lieux pour faire du feu, un bar, un restaurant végétarien qui vend la nourriture (excellente mais un peu chère) au poids, un chill out, une zone de soins en haut d’un promontoire… Et une grande tribue de tranceux hippie aux styles cosmiques, parfois chargés, parfois peu vêtus mais toujours pleins de couleurs. Les gens veulent de la relation humaine et s’efforcent de s’ouvrir l’esprit. Il y a un mysticisme ambiant qui mélange croyances et rituels et drogues andines et hindous, parfois chrétiennes. Le festival s’ouvre par une cérémonie autour du feu oú deux chamanes (un bolivien et un brésilien) remercient la terre, les animaux, les plantes, les montagnes, les rivières, les lacs, les humains. Le tout en prenant différentes drogues (rapé, ayawaska) et en mâchant de la coca. Les Brésiliens et les Boliviens ne parlent d’ailleurs pas de drogues mais restent plus proche de l’étymologie et parlent de médecines et de travail rituel. Après la cérémonie commencent les 4 nuits et 5 jours de musique sans jamais s’arrêter. Une musique répétitive pour ne pas se perdre dans les méandres des psychotropes, ça plane et ça ancre dans la terre, ça fait voyager, ça délit les corps et réchauffe les relations. Au fil des jours la famille s’aggrandit, on prend soin les uns des autres, la réalité n’est pluis que ce groupe, ce lieu, la musique et l’ambiance. Certains sont des guerriers de la fêtes, ils ne dorment jamais et ingèrent une quantité de substances incroyable. D’autres dorment tant bien que mal, en face des enceinte. On se repose sur le promontoire ou au Chill Out, certains font du Raïki, d’autres de la méditation. On se baigne dans la cascade et on mange des légumes.

Le festival passe très vite et on repart heureux et tristes : tristes de quitter tous ces gens merveilleux mais heureux de les connaître. Et puis aussi la douche se fait nécessaire, le confort du lit et du calme relatif. On reviens à La Paz, on redescent sur terre, finis les voyages cosmiques. Mais on revient avec pleins d’amis.

Et le voyage continue : demain je pars vers le lac Titicaca avec des amis et après on verra ! Voila encore des photos, quelques unes pour vous donner une idée… Je ne sais pas si la prochaine fois il y en aura parce que mon appareil commence a avoir des soucis internes que je ne comprends pas mais je vais me pencher sur la question.

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